Prise de parole lors de la commémoration du 17 octobre 1961

Commémorer le massacre d’État du 17 octobre 1961 doit être l’occasion de nous rappeler que la  France est toujours un état colonial qui continue d’exercer une violence économique, politique et militaire en Afrique et dans les territoires ultra marins. Cette domination de la France sur ses anciennes colonies s’exerce aussi par la fermeture de ses frontières, et la militarisation des frontières de l’Europe.

Ce contrôle représente un marché en plein essor pour l’industrie militaire et sécuritaire, qui construit les murs, les camps et les systèmes de surveillance de plus en plus sophistiqués, qui  enferment et tuent les personnes exilées.
La France avec l’Europe a mis en place des partenariats à coup de milliards d’euros avec des pays de transit pour externaliser ses frontières, organiser et déléguer la barbarie de l’enfermement, des violences et des refoulements en mer et dans le Sahara ; l’Europe s’en lave ainsi les mains !

Le nombre de personnes qui meurent en Méditerranée, dans la Manche, au large des îles Canaries,  dans le Sahara, entre Mayotte et Les Comores ne cessent d’augmenter. La France et les autres états  européens son responsables de ces morts de masse ! Mais il y a des morts qui ne comptent pas. Il y a des vies qui ne valent pas d’autres vies.

En France, le CESEDA, le Code d’entrée et de séjour des étrangers, qui régit le droit des personnes étrangères, est un droit d’exception, raciste et sexiste, hérité du Code de l’indigénat, qui organisait le contrôle des dits « indigènes » en Algérie et dans les autres colonies. Le CESEDA, comme le code de  l’indigénat, met en place la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations des personnes étrangères.

Un an après l’indépendance de l’Algérie, en 1963, alors que les accords d’Évian prévoyaient la liberté de circulation pour les Algériens, la préfecture des Bouches-du-Rhône, en accord avec le ministère de l’Intérieur, crée une prison clandestine à Marseille dans le hangar d’Arenc destinée à parquer et déporter les Algériens. Cette prison clandestine est l’ancêtre des centres de rétention administrative, en effet depuis 1981 l’enfermement des personnes sans papiers a été légalisé.

Aujourd’hui, il y a 28 CRA sur tout le territoire et 11 projets de construction. Près de 45000 personnes par an y sont enfermées dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial où ont lieu de véritables transferts forcés de population. Tout cela est rendu possible par la déshumanisation des personnes non-blanches, héritée des colonisations et perpétuée depuis. Cette racialisation justifie des traitements violents dans les lieux d’enfermement, mais aussi à Calais ou à la frontière franco-italienne, où les personnes exilées sont traquées comme des animaux. Par ailleurs, elle permet l’exploitation sans limite des travailleurs sanspapiers et la persécution dans l’espace public des personnes racisées.

C’est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin de nous mobiliser et de nous organiser contre ses politiques racistes meurtrières ici en France, en soutien aux personnes sans papiers mais aussi contre le colonialisme et l’impérialisme, car ces luttes sont indissociables !

A bas le colonialisme et l’impérialisme ! A bas les frontières ! Solidarité avec tous les immigrés et les peuples en lutte pour leur indépendance !

« Ça fait 28 jours que je suis ici, y’a pas de laissez-passer pour l’Algérie en ce moment, pourquoi je reste ici ? »

Les ressortissant·es Algérien·nes sont maintenus enfermé·es alors que l’expulsion n’est pas possible : le consulat d’Algérie ne délivre pas de laissez-passer en ce moment, de plus l’Algérie a refusé l’entrée d’algérien·nes expulsé·es même avec un passeport.
K., prisonnier au centre de rétention de Toulouse a été arrêté suite à un contrôle, tabassé par les flics qui au final ont porté plainte contre lui pour violences, procédé habituel. Le juge l’a condamné à un an de prison ferme. A sa sortie de prison, il a été placé en CRA avec une interdiction de territoire français (ITF). En CRA Les violences physiques et psychologiques des flics de la PAF sont quotidiennes, et les placements au mitard ou en prison fréquents. Témoignage.
 Juillet 2024.

« Ça fait 28 jours que je suis ici, y’a pas de laissez-passer pour l’Algérie en ce moment, pourquoi je reste ici ? L’Algérie ne répond pas depuis le 4 juin. Ils m’ont arrêté à Portet, je travaille dans une pizzeria. Je sors du carrefour, les gendarmes m’ont dit « contrôle, vous avez une OQTF » (obligation de quitter le territoire français) « on va t’envoyer à Seysses » (maison d’arrêt), j’ai eu peur je voulais me sauver, je suis parti en courant, ils m’ont attrapé, ils m’ont mis par terre, ils m’ont frappé, ils ont mis un genoux sur mon cou. J’ai donné un coup avec mon bras au policier pour me sauver, ils ont porté plainte contre moi pour blessures, le policier a eu 8 jours de maladie, il a fait exprès pour m’envoyer à Seysses.

Le juge m’a mis un an et j’ai fait 6 mois à Seysses. Y’a beaucoup de hogra dans la prison, y’a des problèmes dans les cellules. Ici aussi, les gens rentrent dans les chambres dans la nuit pour fouiller tes affaires.

Ici y’a des policiers nickels mais ya des groupes méchants avec nous. Ils ont frappé quelqu’un qui a pris du pain pour le manger dans sa chambre. On mange à 19h et jusqu’à minuit on n’a rien, on a faim. Le policier lui a dit « vous êtes des animaux ». Les policiers sont pas contents quand on rigole entre nous, quand on fait des jeux. Ils ont mis un copain au mitard pendant 8 jours. Il est fort et quand il est ressorti il avait perdu plusieurs kilos.

ça fait 6 mois que je n’ai pas parlé avec ma famille, c’est la honte pour la famille la prison, j’ai le coeur brisé. Je n’ai pas de visites depuis 7 mois.

Je prends 4 médicaments par jour ici et en prison pour dormir, le stress, l’angoisse. Dehors je prenais rien, pas d’alcool, pas de zetla, pas de médicaments.

J’ai traversé la mer pour venir ici, zerma l’Europe c’est bien pour travailler… Je suis ingénieur en urbanisme, j’ai un Master 2, je suis en train de perdre tout ce que j’ai appris. Je voulais m’inscrire à la fac de Paris VIII ou à Bordeaux. »

Mise à jour  : K. est passé devant le JLD (Juge des libertés et de la détention) le 08 juillet. ça faisait 30 jours qu’il était déjà enfermé et n’avait toujours pas de laissez-passer de l’Algérie qui permettrait son expulsion. Le représentant de la prefecture dit à l’audience du JLD que le Consul algérien est venu voir K. au CRA pour une reconnaissance mais K. n’a vu personne. Le juge ne tient pas compte de sa réponse. C’est sa parole contre celle de la prefecture car aucune preuve n’est donnée aux prisonniers quand les représentant.es des consulats viennent les voir. L’appel du JLD a eu lieu le 9 juillet et le juge a confirmé la prolongation de K. de 30 jours sachant qu’ils ne pourraient pas le déporter. On le rappelle, l’enfermement a un double objectif, expulser les personnes sans papiers mais aussi les punir, leur faire subir la violence de l’enfermement et les décourager ainsi à rester sur le territoire français.

Mise à jour août 2024 : K. a été libéré du CRA mais mis en assignation à résidence (AAR) à Toulouse alors qu’il ny réside pas, 45 jours renouvelables 2 fois et une signature au comissariat 2 fois par semaine. Là encore cette mesure de privation de liberté relève de l’acharnement puisqu’il n’est pas expulsable, tout comme l’attribution d’une Interdiction de territoire français (ITF) aux personnes ayant fait de la prison. C’est la double peine judiciaire.

« Ici c’est la hoggra sans pitié »

Nous relayons les propos de prisonniers du centre de rétention (CRA) de Toulouse. Ils racontent les violences médicales et psychologiques ainsi que le déni de soin que subissent quotidiennement les personnes enfermées dans les centres de rétention. Nous rappelons que ces comportements et ces pratiques nuisibles et dégradantes ne sont pas le fait de quelques individus mais qu’ils sont quotidiens, systémiques dans toutes les prisons pour sans papiers. Mais comme toujours, cela se passe en toute impunité et dans le silence.

M : « Quand j’étais en prison pendant 3 et demi j’étais suivi par une psychologue. D’abord à la prison de Fresnes après ils m’ont transféré à Metz. Ici au centre j’ai pris rdv avec la psychologue mais ils m’appellent pas, ils me disent tu n’es pas sur la liste. Mais moi j’ai parlé avec la dame c’est elle qui m’a proposé. La police veut pas me laisser la voir. 2 collègues sont allés la voir. Pour l’audience de l’appel, ils m’ont pas appelé, c’est la hogra sans pitié ici j’te jure. Je leur ai pas parlé mal, j’étais gentil. J’ai une grand broche dans le dos à cause d’un accident grave, dans ma tête aussi. Je leur ai dit je suis malade, j’ai des problèmes à la tête tout est dans mon dossier médical, en prison, ils m’ont soigné. Le médecin ici il me croit pas. L’autre fois il a jeté le stylo, il s’est énervé. J’ai expliqué l’accident que j’ai eu. Quand il voit mon dossier il doit comprendre normalement. J’ai demandé qu’il me donne du Prégabaline, le docteur ici veut pas me le donner, il m’a donné Tramadol à sa place mais ça va pas. Le Tramadol ça sert à rien pour moi. Il y en a ici qui prennent du Tramadol ils sont même pas malades, pourquoi je vais prendre ça ? Je vais pas me rendre dingue avec ça pour rien. Depuis 2019 je prends Prégabaline en prison, j’ai eu de la kiné, il m’ont donné de la pommade pour que je masse mon dos, c’est pas comme ici, ici c’est la hoggra sans pitié.

L’avocat a dit que je suis malade, fracture dans ma tête, vis dans le dos mais le juge s’en fout.
Il y a u policier qui est mauvais ici, il m’a pris la tête, j’ai dit je parle pas avec vous monsieur, je sais après qu’il va m’emmener devant le juge, les policiers ils nous prennent pour des animaux, je vous dis la vérité. Y’en a c’est des chefs ils te parlent bien. J’espère que ça va bien se passer ici avec eux. J’ai peur.
J’ai ma femme qui m’attend ici, je suis père de famille, j’ai une maison. Ils m’ont envoyé ici pour rien du tout, j’ai pas volé, pas bagarré rien. Ils m’ont contrôlé, j’étais en train d’acheter des affaires pour l’Aïd, ils m’ont arrêté à la porte. ça faisait 20 jours que j’étais sorti de prison.
Je suis partie voir la Cimade, j’ai parlé avec la dame, pourquoi les policiers m’ont pas prévenu pour aller à l’audience de l’appel et aussi pour le psychologue. Elle m’a dit je sais pas, je peux rein faire pour ça. On est des êtres humains nous, on n’est pas des animaux. Dieu punit ceux qui font du mal. »

S : « Je veux rentrer en Algérie, y’a pas de problème, mais ramenez-moi mes médicaments, j’ai jamais rien fait de mal, j’ai toujours travaillé, j’ai fait mécanicien. J’ai besoin de ce médicament je ne peux pas manger, ça fait une semaine qu’ils me le donnent pas, le Pylera avec l’Oméprazone car j’ai une bactérie. Quand j’ai demandé au médecin pourquoi je n’ai pas mon médicament, le policier à côté m’a dit ferme ta gueule. Ils nous laissent pas aller en promenade le matin, que l’après-midi et souvent c’est fermé aussi.
J’étais aux Pays Bas, j’ai demandé l’asile là-bas, après je suis venu ici en France, on m’a dit qu’il y a du travail. Ils nous supportent pas nous les algériens. Maintenant, les expulsions c’est avec le 2eme avion et l’escorte ».

Retour sur la manifestation contre les violences d’État, le racisme systémique et les frontières, prise de parole de TAC

A l’appel du Réseau d’Entraide Vérité et Justice plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Toulouse samedi 16 mars 2024 contre les violences d’État, policières, judiciaires, pénitentiaires – le racisme systémique, contre les frontières et le génocide à Gaza.

Beaucoup de monde dans les cortèges de collectifs de personnes migrantes, LGBTI+, de mineur•es isolé•es et de lutte contre les frontières et contre les centres de rétention.

Prise de parole du collectif Toulouse Anti CRA

Les personnes étrangères sont traquées partout : aux frontières, au travail, dans la rue. Elles doivent quotidiennement se confronter à la police et aux politiques racistes mises en place année après année contre les immigrées. Ces violences d’État sont héritées des pratiques coloniales et notamment du code de l’indigénat avec la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations.

Les personnes sans papiers peuvent être arrêtés et se retrouver en centres de rétention administrative, les CRA. Le CRA de Toulouse Cornebarrieu est situé au bord des pistes de l’aéroport. Dans ces prisons les personnes sont enfermées jusqu’à 3 mois en vue d’être expulsées. Mais toutes les personnes ne sont pas expulsables, et l’enfermement poursuit aussi un autre objectif qui est de punir et soumettre une partie de la population, de mater les personnes afin qu’elles s’invisibilisent et qu’elles ne se rebellent pas face aux patrons qui les exploitent.

Il y a près de 50 000 personnes enfermées par an sur l’ensemble du territoire, dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial avec ses lois d’exception et où la violence d’État se déchaîne.

À l’intérieur des CRA, les personnes enfermées témoignent quotidiennement du manque de nourriture, des provocations, des humiliations, des insultes racistes, des refus de soin et des violences policières. Les CRA tuent. Des personnes se suicident notamment avec les psychotropes distribués pas les médecins du CRA ou décèdent dans des circonstances inexpliquées. En septembre 2018, Karim, 31 ans, s’est pendu dans sa cellule au CRA de Toulouse suite à la prolongation de son enfermement par le juge alors qu’il était gravement malade, le médecin du CRA n’a rien fait.

Les prisonnières et prisonniers des CRA luttent quotidiennement contre l’enfermement et contre l’expulsion, que ce soit par des évasions, des incendies, des grèves de la faim, des auto-mutilations et des refus de vol. Les allers-retours entre CRA et prison sont en augmentation. Les personnes qui se rebellent et luttent sont régulièrement envoyées à la maison d’arrêt de Seysses. À Toulouse, de nombreuses personnes se retrouvent en circuit fermé entre le CRA et Seysses.

Depuis plusieurs années, l’État renforce la double peine. Il s’agit d’expulser un maximum de personnes qui ont été condamnées à de la prison. Les personnes étrangères sont plus contrôlées, plus judiciarisées et condamnées à des peines plus sévères et elles représentent 25% des prisonniers. Cette justice de race et de classe, qui enferme en masse des personnes racisées et des personnes étrangères, s’appuie sur un arsenal juridique et législatif de plus en plus répressif, et sur une augmentation des lieux d’enfermement.

L’État est en train de construire de nouveaux CRA partout sur le territoire. En 2027, le nombre de places aura triplé en 10 ans. L’Etat construit aussi partout de nouvelles prisons, avec 15 000 nouvelles places d’ici 2027. Il y a à Toulouse le projet d’une nouvelle maison d’arrêt, à Muret, en plus de celle de Seysses.

Ces violences d’État s’exercent aussi aux frontières, notamment via les dispositifs anti-migratoires. La France et l’Europe sont responsables de milliers de morts chaque année en Méditerranée, dans la Manche, au large de Mayotte. C’est le business juteux des Etats et des multinationales de la sécurité. L’Europe votera ce printemps le pacte « asile et migration » pour renforcer sa politique impérialiste, raciste et sécuritaire qui passe par la fermeture, la militarisation et l’externalisation de ses frontières.

La loi Darmanin votée en février est l’une des plus repressives, c’est la 30e loi anti-immigration en 40 ans et ce n’est pas seulement contre elle mais contre toute la politique migratoire qu’il faut lutter, et, plus largement, contre toutes les structures, institutions et pratiques raciales et coloniales de l’État.

Cette loi assimilationniste réprime et criminalise davantage les personnes sans papiers qui prétendumment ne se plieraient pas aux « valeurs de la République » ou qui représenteraient une « menace à l’ordre public ». Cette répression est soumise à l’arbitraire du pouvoir des préfectures, qui est à présent renforcé. Au final, l’Etat va enfermer davantage entre CRA et prison et expulser encore plus facilement les personnes qui n’ont pas les bons papiers.

NI CRA, NI PRISON, NI EXPULSIONS ! A BAS LE RACISME D’ÉTAT !
SOLIDARITÉ AVEC TOUTES LES PERSONNES IMMIGRÉES !

Manifestation contre les violences d’État, le racisme systémique et les frontières

Manifestation le samedi 16 mars 2024 à ToulouseRetour ligne automatique
14H – Départ François Verdier – Arrivée place Arnaud Bernard

Cette marche a été initiée en France en 2011 par les familles de personnes assassinées, blessées et mutilées, pour faire de la mi-mars un moment de convergence contre le racisme systémique, les violences et les crimes d’État : de la police, de la justice, de la prison et des frontières. Nous manifestons à Toulouse notre soutien et notre solidarité aux familles de Dine, Jaouad, Rachid et Good assassinés à Albi, à Seysses et à Béziers.

Ces violences systémiques s’inscrivent dans la continuité des violences coloniales, subies en premier lieu par les habitant·e·s des quartiers populaires et des territoires dits « ultramarins », en particulier à Mayotte. Nous nous mobilisons contre le racisme d’État, dans la continuité des combats antiracistes et populaires, et affirmons la centralité de la lutte antiraciste dans la lutte antifasciste.

Dans un contexte de fascisation de l’État et de l’installation des idées d’extrême-droite dans les discours politiques et médiatiques, la répression d’État et son arsenal juridique augmentent avec des lois racistes et islamophobes : loi contre le port du voile, loi séparatisme, loi sécurité globale, interdiction de l’abaya et aujourd’hui loi Darmanin. Les frontières font intégralement partie de ce système raciste et sont la cause de milliers de morts chaque année. Avec la loi Darmanin, l’État racial français durcit une fois de plus sa politique répressive contre les immigré·es, augmente les enfermements en centres de rétention et les expulsions.

Alors qu’une entreprise génocidaire est en cours à Gaza et que la brutalité de la colonisation perdure dans toute la Palestine occupée, le soutien sans faille au peuple palestinien et à sa lutte est indispensable. Plus que jamais, les luttes contre les violences systémiques doivent s’articuler avec les luttes anticolonialistes et antisionistes pour dénoncer la répression de l’État français sur le soutien à la Palestine. Face au colonialisme et à l’apartheid israélien soutenu par la France, nous le disons haut et fort, non seulement la Palestine vivra mais elle vaincra !

Cette année nous portons l’organisation de cette journée à Toulouse avec des collectifs antiracistes, anticolonialistes, antisionistes, antifascistes, des réseaux de soutien aux personnes sans-papiers, des collectifs en lutte contre les violences et crimes d’État et contre les frontières.

AutonoMIE, Collectif En Platz, Collectif Palestine Vaincra, Collectif Populaire contre l’Extrême Droite​​​​​​​, Comité Vérité et Justice 31, La Frappe, Le Jeko, Laprem, Saveurs d’Exil, Toulouse Anti CRA, Watizat Toulouse

« Je suis sorti de prison, je les ai trouvés en train de m’attendre pour me ramener ici »

Le CRA de Toulouse est plein comme d’habitude et en ce moment beaucoup de personnes sortant de prison sont enfermées au CRA pour subir la double peine, c’est à dire l’enfermement et l’expulsion en plus de la peine de prison. Pour en savoir plus sur la double peine et la collaboration entre l’administration pénitentiaire et le ministère de l’intérieur, cliquez ici

Les appels sur les cabines des différents secteurs du CRA de Toulouse ne sont plus possibles depuis plusieurs semaines. L’administration a décidé de mettre fin au contrat avec le prestataire de service et donne à présent des téléphones sans caméra aux prisonnier.es. On ne peut donc plus contacter les personnes sur les cabines, cela contribue à les isoler d’avantage à rendre plus difficile le soutien qu’on peut leur apporter ainsi que la diffusion de leurs témoignages.

Par ailleurs, une nouvelle organisation a été mise en place au Palais de justice de Toulouse pour les audiences « droit des étrangers » du juge des libertés et de la détention (JLD). Les prisonnier·ères ne restent plus dans la salle pendant le délibéré. Les personnes sont ramenées au CRA puis reviennent dans l’après-midi pour entendre la décision du juge. Les flics font faire aux personnes deux allers-retours dans la journée, menottées dans le dos. Cette nouvelle organisation enlève également une occasion pour les prisonnier·ères d’échanger un peu avec les personnes en soutiens qui se rendent aux audiences.

Tout cela va dans le sens de la nouvelle loi « Asile et immigration », énième loi raciste et l’une des plus répressives du code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA), qui prévoit d’ici 2025/2026 la généralisation des visio conférences des audiences et également l’externalisation des salles d’audiences. Il est question de construire des petits tribunaux spécifiques aux personnes étrangères, tout près des CRA, loin des regards, rendant ainsi plus difficile la publicité des débats. Les CRA sont souvent accolés aux aéroports ou dans des zones isolées.

Témoignages recueillis ces dernières semaines

D. est au CRA de Toulouse depuis 40 jours :
« Je suis sorti de prison, je les ai trouvés en train de m’attendre pour me ramener ici, ça fait 7 ans que je suis en France, je n’ai jamais eu ça. Ils m’ont mis une OQTF (obligation de quitter le territoire français) et une IRTF (interdiction de retour sur le territoire français).
Les policiers font chier, y’a des gentils et des méchants, les méchants veulent montrer qu’ils sont méchants, ils provoquent, ils disent « retourne chez toi » et si tu réponds tu es dans la merde »

B. est au CRA de Toulouse depuis 60 jours :
« J’ai 19 ans, je suis venu en France à 11 ans avec mon père. Je suis sorti de Seysses, j’ai fait  5 mois pour une bagarre, il ya des vidéos qui prouvent que je suis en train de séparer un ami qui se bagarre avec un autre, moi j’ai rien fait.
J’ai fait 4 gardes à vue quand j’étais mineur, je suis pas un mec qui cherche les histoires. J’étais au Havre, ils m’ont envoyé à Toulouse en 2021. Je me suis retrouvé seul à Toulouse.
Si je sors mardi, je dois refaire les papiers à l’ASE pour retrouver un appart et un travail. J’étais pendant 4 ans en appartement autonome avec l’ASE, contrat jeune majeur. 7 mois de ma vie perdue avec la prison et ici, j’ai perdu beaucoup.
Avant de rentrer en prison, j’avais ma demande pour les papiers à la préfecture.
La bouffe est dégueulasse ici, la police provoque pour qu’on les frappe et ensuite ils nous emmènent en prison, ils disent « va apprendre le français avant de venir ici », « retourne dans ton pays ».

F. est au CRA de Toulouse depuis 40 jours :
« J’ai 24 ans, je suis en France depuis mes 9 ans, avec l’ASE. Ils m’ont pas donné les papiers après. J’étais deux fois à Fleury et 3 fois dans ce centre à Toulouse.
Après, 9 mois à Seysses, quand je suis sorti, ils m’ont ramené ici. ça fat 40 jours que je suis là. Ils font tout pour qu’on reste enfermé, la prison et les centres.
Les repas c’est dégueulasse et pas halal, il fait froid, ils mettent pas de chauffage ici et la police c’est la hogra « 

 

Cet acharnement contre les personnes étrangères ne doit pas rester caché, ne laissons pas les prisonnier·ères isolé·es, soutenons leurs luttes !
À bas le racisme d’État ! Ni CRA, ni prison, ni expulsions !

Communiqué des collectifs de lutte contre les CRA et les frontières

En tant que collectifs impliqués dans la lutte contre les centres de rétention administrative (CRA) et les frontières, nous affirmons notre solidarité avec le peuple palestinien et alertons sur la récupération et l’instrumentalisation de la situation actuelle par le gouvernement français. Pour rappel, les CRA sont un produit direct de la colonisation. En France, c’est dans le contexte de la répression des personnes originaires de ses ex-colonies (à commencer par l’Algérie) qu’ils ont été créés dans leur forme actuelle.

Fidèle à sa politique colonialiste et impérialiste l’État français exprime son soutien sans faille à l’occupant israélien en Palestine, légitimant ainsi les massacres et déshumanisant les Palestinien·nes, et réprime toute forme de soutien à la résistance palestinienne en France. Dans le même temps, ilaccentue sa politique de répression et de criminalisation de toutes les personnes qu’il considère comme « illégales » sur son territoire, notamment via la loi Darmanin qui est votée en ce moment-même à l’assemblée nationale, et par tous les discours et mesures racistes, répressives, sécuritaires et islamophobes qui l’accompagnent.

Ainsi le gouvernement français, avec la complicité des médias, attise encore une fois la haine et la suspicion envers les personnes sans papiers, les personnes racisées et les personnes musulmanes, toutes désignées comme des menaces potentielles. Dans sa fabrique de la figure raciste de « l’ennemi intérieur », il prétexte l’apologie du terrorisme pour justifier ses mesures de répression, d’enfermement et d’expulsion.

La situation actuelle en Palestine lui permet de renforcer encore ces pratiques habituelles, tout en utilisant son arsenal législatif et sécuritaire pour réprimer tout soutien au peuple palestinien. Le gouvernement français a ainsi empêché Mariam Abu Daqqa, figure féministe membre du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), de se rendre en Occitanie le 16 octobre pour son cycle de conférences entamé en France sous prétexte que ces rencontres étaient « susceptibles de susciter de graves troubles à l’ordre public ». Elle a ensuite a été violemment arrêtée avant d’être expulsée au Caire. Toujours dans le cadre de sa collaboration avec l’occupant israélien l’État français maintient enfermé depuis 40 ans George Ibrahim Abdallah, militant révolutionnaire de la résistance palestinienne alors même qu’il est libérable depuis 1999. Il est le plus ancien prisonnier politique d’Europe, et continue de lutter depuis sa cellule pour la libération du peuple palestinien et contre l’impérialisme.

Plus généralement, si beaucoup de manifestations en soutien à la Palestine ont été interdites et réprimées, ce sont les personnes considérées comme étrangères qui subissent le plus violemment cette criminalisation notamment sous prétexte « d’apologie du terrorisme ». La semaine du 20 octobre, 3 personnes ont été arrêtées car elles se prenaient en photo devant la tour Eiffel avec un drapeau palestinien. N’ayant pas de papiers français, elles ont été directement envoyées au CRA de Vincennes et l’une d’entre elles a été expulsée à peine quelques jours après. Le 14 novembre, un étudiant s’est vu retirer son droit de séjour pour une inscription contre les bombardements de Gaza sur des panneaux municipaux. Il a reçu obligation de quitter le territoire (OQTF) et une interdiction de retour sur le territoire français de 3 ans, il a été enfermé au CRA de Rennes en vue de son expulsion.

Plus largement, le durcissement des dispositifs législatifs et policiers qui visent l’immigration en France, et notamment la politique mortifère et raciste de fermeture des frontières sous prétexte de « lutte contre le terrorisme », a des conséquences concrètes et dramatiques pour les personnes illégalisées qui vivent ou arrivent en France. Ces mesures ne cessent de tuer, la plupart du temps passant ces morts sous silence, à la frontière, dans les CRA, au travail, dans la rue. Encore ces dernières semaines, deux personnes ont été tuées à la frontière franco-italienne, après avoir été traquées par la police pendant plusieurs heures dans les montagnes du Briançonnais et au moins 8 personnes sont mortes à la frontière franco-britannique.

Tout cela va être renforcé par la loi Darmanin sur l’immigration. Elle permettra à l’État d’utiliser encore plus délibérément les personnes dont il ne reconnaît pas les papiers comme une main d’œuvre jetable et expulsable à merci, tout en les réduisant à vivre dans la peur, sans droits, sans accès à la santé, sans possibilité de logement décent. Darmanin a également affirmé de nombreuses fois sa volonté d’enfermer toujours plus, et d’expulser toujours plus vite. Pour cela, en plus de la simplification des procédures d’expulsion que permet la loi Darmanin, l’État prévoit le doublement du nombre de places en CRA, et donc de nombreuses nouvelles constructions.

Il est nécessaire et urgent de combattre cette politique raciste, coloniale, et islamophobe aux conséquences mortelles.

Face au génocide en cours à Gaza mené par l’occupant israélien avec la complicité de l’État français et des entreprises françaises, nous apportons notre solidarité à la résistance palestinienne et soutenons le peuple palestinien pour la fin des bombardements sur Gaza, la fin du blocus de Gaza, la fin de la politique de colonisation, d’apartheid et de nettoyage ethnique qui dure depuis 75 ans. Vive la Palestine libre !

Face à l’impérialisme, au racisme et à l’islamophobie d’État, vive les luttes internationalistes, décoloniales et antiracistes !

Calais Anti CRA, Lyon Anti CRA, Marseille Anti CRA, Progetto 20K (Vintimille), Toulouse Anti CRA

17 octobre 1961 un massacre colonial d’Etat

Manif interdite par la préfecture de Toulouse

Le massacre d’État du 17 octobre 1961 doit être l’occasion de nous rappeler que la France est toujours un état colonial qui continue d’exercer une violence économique, politique et militaire en Afrique et dans les territoires ultra marins. Cette domination de la France sur ses anciennes colonies s’exerce aussi par la fermeture de ses frontières, et la militarisation des frontières de l’Europe. Ce contrôle représente un marché en plein essor pour l’industrie militaire et sécuritaire, qui construit les murs, les camps et les systèmes de surveillance de plus en plus sophistiqués, qui enferment et tuent les personnes exilées. La France avec l’Europe a mis en place des partenariats à coup de milliards d’euros avec des pays de transit pour externaliser ses frontières, organiser et déléguer la barbarie de l’enfermement, des violences et des refoulements en mer et dans le Sahara ; l’Europe s’en lave ainsi les mains !

Le nombre de personnes qui meurent en Méditerranée, dans la Manche, au large des îles Canaries, entre Mayotte et Les Comores ne cessent d’augmenter. La France et les autres états européens sont responsables de ces morts de masse ! Mais il y a des morts qui ne comptent pas. Il y a des vies qui ne valent pas d’autres vies.

En France, le CESEDA, le Code d’entrée et de séjour des étrangers, qui régit le droit des personnes étrangères, est un droit d’exception, raciste et sexiste, hérité du Code de l’indigénat, qui organisait le contrôle des « indigènes » en Algérie et dans les autres colonies. Le CESEDA, comme le code de l’indigénat, met en place la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations des personnes étrangères.

L’enfermement administratif en France dans des prisons pour étrangers et étrangères, les CRA, c’est près de 45 000 personnes par an dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial ou la violence d’État se déchaine et où sont menés de véritables transferts forcés de population.

Tout cela est rendu possible par la déshumanisation et l’infériorisation des personnes non-blanches. Cette racialisation produite pendant les colonisations, et perpétuées depuis, justifie des traitements violents dans les lieux d’enfermement, à Calais ou à la frontière franco-italienne, où les exilés sont pourchassés comme des animaux. Elle permet de désigner l’ennemi intérieur et extérieur, construit comme étant violent, violeur, fraudeur, ne pouvant s’adapter à la société française ; elle autorise une exploitation sans limites des travailleurs sans papiers et une persécution dans l’espace public des personnes racisées.

C’est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin de nous mobiliser et de nous organiser contre ses politiques racistes meurtrières ici en France, en soutien aux personnes sans papiers mais aussi contre le colonialisme et l’impérialisme, ces luttes sont indissociables !

A bas le colonialisme et l’impérialisme ! A bas les frontières, solidarité avec tous les immigrés et les peuples en lutte pour leur indépendance ! Vive la Palestine libre !