Les retenus du centre de rétention à Marseille sont en grève de la faim pour protester contre leur enfermement en pleine crise du Covid-19

On relaie ce texte de soutien aux grévistes du CRA de Marseille :

Les retenus du CRA de Marseille sont en grève comme dans d’autres centres de rétention en France depuis le début du mois.

Solidarité avec les grévistes à Rennes, au Mesnil-Amelot et à Marseille.

Communiqué des grévistes au CRA de Marseille :

«La semaine du 17 août on était plusieurs dizaines de personnes à s’être mises en grève de la faim pendant plusieurs jours car on a peur pour notre vie, à cause de la mauvaise gestion des risques de contamination au Covid-19 ici. Tout le monde s’en fiche de notre situation : la police ne fait rien, Forum Réfugiés, l’association qui est déléguée pour s’occuper des aspects juridiques ici dans le centre, ne réagit pas à notre grève de la faim, et la population dehors nous oublie. On veut se faire entendre, même si notre grève de la faim est difficile à supporter. Il y en a un dans le CRA qui est en grève de la faim depuis trente jours, il a fait plusieurs malaises. Il a été envoyé deux fois à l’hôpital Nord à cause de sa grève de la faim, mais la troisième fois qu’il a fait un malaise la police a dit aux pompiers de repartir sans s’occuper de lui.

On se remet en grève de la faim dès ce week-end du 22-23 août à cause de la même situation qui ne change pas.

Les frontières sont fermées et pourtant on nous maintient 60 jours ou plus en centre de rétention. Dans le même temps les arrestations continuent puisqu’il y a toujours des gens qui arrivent dans le CRA.

Les risques de contamination augmentent donc.Il y a au moins 4 cas confirmés de coronavirus au sein de la PAF (Police aux frontières) qui garde le centre de rétention de Marseille, et pourtant rien n’est fait pour nous protéger. On nous donne pas de masques, les seuls qui en ont ici les obtiennent grâce aux visites. Dans la police ça se met en arrêt maladie pour éviter de venir au CRA, la police aussi elle a peur. Il y a des tests au coronavirus qui commencent à être faits sur les prisonniers dans le CRA.

Nos proches hésitent même à venir nous voir parce qu’on a peur que ce centre soit un gros foyer de coronavirus. De manière générale nos proches aussi sont épuisé·es par cette situation. Des parents doivent s’occuper seules de leurs enfants. Nos proches aussi sont cassé·es par les procédures juridiques, la séparation et le mal de vivre. Les frais d’avocats coûtent parfois plusieurs milliers d’euros. Les avocat·es commis·es d’office ne font rien. L’association qui gère le CRA de Marseille, Forum Réfugiés, ne s’occupe que des cas qu’elle considère défendables et laisse les autres dans la merde, par exemple ceux qui n’ont pas de famille dehors ni de visites en parloir. Ce CRA est dégueulasse, il n’y a que les parloirs qui sont relativement propres. On est une cinquantaine en ce moment dans le CRA, et on ne peut pas respecter les distances de sécurité dedans. On est plusieurs par cellule et trop nombreux au réfectoire. C’est pour ces raisons qu’on refuse de remonter au réfectoire et qu’on a décidé de se mettre en grève de la faim, pour dénoncer cette situation dangereuse et injuste.»

Nous dénonçons les atteintes aux droits fondamentaux des retenus et la mise en danger pour leur santé ! Nous demandons la fermeture du CRA de Marseille et de tous les CRA de France.

Appel à rassemblement devant le CRA de Marseille : lundi 24/08 à 19h (Rendez-vous au au niveau des escaliers à gauche de l’entrée du CRA)

Un cas de Covid-19 a été détecté au CRA de Toulouse Cornebarrieu et l’État continue d’enfermer bien que les liaisons aériennes soient suspendues.

L’administration a effectué un dépistage jeudi 13 août dans l’ensemble du CRA. Une quinzaine de personnes ont refusé les tests et ont été rassemblées dans les secteurs D et A.

Les prisonnier·e·s sont à bout et attendent les résultats de ce premier dépistage et ne comprennent toujours pas pourquoi ils et elles ne sont pas libéré·e·s. C’est la même situation qu’au début du confinement pendant lequel l’État n’a jamais voulu fermer les CRA face au risque de les transformer en clusters du Covid-19, au péril de la vie des personnes, ce qui est précisément en train de se produire en ce moment au CRA du Mesnil Amelot où l’Agence régionale de santé (ARS) s’est décidée à déclencher une enquête sanitaire.

Les audiences qui ont lieu aujourd’hui se sont déroulées sans la présence des personnes concernées ! Le placard qui sert de salle d’audience en visio à l’intérieur du CRA n’est plus accessible.

Depuis que ce cas de Covid-19 a été détecté, les personnes enfermées sont encore plus isolées, La Cimade a exercé son droit de retrait en maintenant les contacts par téléphone, les visites ne sont plus autorisées, les proches venant parfois de loin ne peuvent plus fournir cigarettes, nourriture et vêtements.

Témoignages de personnes enfermées dans différents secteurs

K : « Une femme a été amenée ici, elle a été contrôlée dans un train, elle est restée 2 ou 3 jours ici, elle est étudiante, elle devait aller à Paris. Elle a eu de la fièvre ici, ils ont fait le test, ils ont trouvé qu’elle avait le Covid. Ils l’ont relâché, on n’a plus de nouvelles d’elle.

Le virus va circuler ici, on a été en contact avec les femmes, on a parlé avec elles… Elles sont 6 au secteur B, elles ne peuvent plus sortir même pour manger.

Ils nous ont demandé à nous tous de faire le test. Ici au secteur E on a accepté et il y en a 15 ou 20 qui ont refusé, ils les ont mis au secteur A et au secteur D.

Pour le sanitaire il n’y a rien qui est respecté, ils disent de mettre le masque et le gel mais les gens qu’ils ramènent ici, ils viennent directement sans test…

Ce matin, ils ont libéré quelqu’un vers 9h30 avant le résultat du test…Il est resté 6 jours, il a une demande d’asile en Italie.

J’ai demandé ce matin à l’infirmerie quand on aura les résultats, c’est peut-être cet après-midi et dans une semaine ils vont encore faire des tests mais je ne comprends pas, il y a des nouveaux qui rentrent ils ont pas fait le test et ils les ramènent ici, hier ils ont ramené 2 nouveaux.

Ils ramènent aussi des gens des autres quartiers sans savoir s’ils ont le Covid ou pas. S’il y a le Covid au secteur A et ils en ramènent ici au E, ils vont nous contaminer, ils font des mélanges, je comprends pas…

A quoi ça sert les masques, on mange ensemble à côté, on est obligé d’enlever les masques pour manger, on regarde la télé ensemble on est posés l’un à côté de l’autre il n’y a qu’une seule salle on est tous ensemble, on joue aux cartes ensemble… Comme les cigarettes ne sont pas rentrées, on fume ensemble, on passe la moitié de la cigarette…ça sert à rien le masque et le gel.

Ils nous ont donné un seul masque, ils te disent tu le perds pas, on a toujours le même.

Une personne devait passer au tribunal hier, ils ont repoussé son jugement à cause de tout ça, il était même pas présent…

Il n’y a plus de visites, des gens sont venus de loin, il y a ici des gens de Montpellier, de Lyon, de Nice, ils n’ont pas eu le droit de rentrer ni de donner des cigarettes ou des vêtements, tout est bloqué jusqu’à nouvel ordre.

Les gens de la Cimade sont partis on ne peut pas les voir pour parler avec eux des jugements, ils sont fermés par rapport au Covid-19. »


R : « On n’a pas fait les tests, on a refusé, on veut sortir d’ici ! On s’en fout des tests, y’en a marre les frontières sont fermées ! Pourquoi on nous libère pas, pourquoi ?

Nous on veut sortir d’ici, c’est tout, c’est possible ou pas ? Des collègues sont là depuis 52 jours, 60 jours, pourquoi ils nous libère pas ? Y’en a marre !

Et depuis hier soir, ils veulent plus qu’on aille à la promenade ici au secteur D… »


L. « On est 6 femmes dans ce secteur. J’ai eu mon audience aujourd’hui, je n’étais pas présente, je n’ai pas vu le juge, l’avocate est partie seule au tribunal, on ne plus pas aller dans la salle d’audience avec la visio.

ça fait 60 jours que je suis ici au centre et il n’y a pas de vol pour le Maroc, j’attends la décision du juge.

La préfecture a refusé mes papiers, les gendarmes m’ont ramené ici. J’ai pas l’habitude d’être enfermée, je n’ai jamais volé ou fait de connerie, le problème c’est le droit qui est très difficile.

Vous avez entendu des informations sur le Corona ici ? Ils nous ont dit que la dame qui est partie d’ici est négative, ça veut dire quoi ? Je n’ai pas compris…

Ils ont fait le test ici pour tout le monde, on n’a pas encore le résultat on attend. On a des masques et du désinfectant.

Dans notre secteur on ne peut plus aller dans la salle des distributeurs pour prendre un café et discuter avec les hommes, on est enfermées dans notre secteur, les chambres, le couloir et la cour…

Il n’y a pas d’avion, les gens sont enfermés pour rien, parfois ils ont des cartes de séjour et ils sont ici pour rien, parce qu’ils sont sortis de prison.

Si vous parlez de nous par solidarité, s’il vous plait dites qu’on est enfermés ici pour rien du tout, il faut nous faire sortir. »

 

Pour manifester notre solidarité avec les prisonnier·e·s, on peut les appeler sur les cabines téléphoniques du centre, plus d’infos ici

Une personne malade au CRA de Toulouse : absence de soins et violences policières

16 avril 2020

Il y a au 16 avril encore 5 personnes au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Toulouse, à Cornebarrieu.

Le CRA enferme habituellement plus de 80 personnes, mais les demandes de mise en liberté massives, vu la fermeture des frontières, l’absence de trafic aérien, etc., ont permis un grand nombre de libérations. Pour autant, l’État refuse toujours de fermer les centres de rétention pendant la crise du Covid-19.

Depuis le confinement, les nouvelles personnes enfermées au CRA arrivaient essentiellement de la prison de Seysses. Hier, une personne a été enfermée suite à une arrestation dans la rue à Perpignan suivie d’une GAV.

Elle nous raconte comment s’est déroulée son arrivée au CRA, sans aucunes mesures de protection, sans tests, et comment elle a assistée le soir du 15 avril au malaise d’une autre personne, sans que la police ne vienne voir malgré les appels à l’aide :

Elle nous raconte ensuite l’intervention des policiers de la PAF qui ont frappé la personne et l’ont emmené :

Ce matin du 16 avril cette personne a pu nous raconter comment s’était passé son malaise et les violences qu’elle a subi, elle a décidé d’entamer une grève de la faim :