« Ça fait 28 jours que je suis ici, y’a pas de laissez-passer pour l’Algérie en ce moment, pourquoi je reste ici ? »

Les ressortissant·es Algérien·nes sont maintenus enfermé·es alors que l’expulsion n’est pas possible : le consulat d’Algérie ne délivre pas de laissez-passer en ce moment, de plus l’Algérie a refusé l’entrée d’algérien·nes expulsé·es même avec un passeport.
K., prisonnier au centre de rétention de Toulouse a été arrêté suite à un contrôle, tabassé par les flics qui au final ont porté plainte contre lui pour violences, procédé habituel. Le juge l’a condamné à un an de prison ferme. A sa sortie de prison, il a été placé en CRA avec une interdiction de territoire français (ITF). En CRA Les violences physiques et psychologiques des flics de la PAF sont quotidiennes, et les placements au mitard ou en prison fréquents. Témoignage.
 Juillet 2024.

« Ça fait 28 jours que je suis ici, y’a pas de laissez-passer pour l’Algérie en ce moment, pourquoi je reste ici ? L’Algérie ne répond pas depuis le 4 juin. Ils m’ont arrêté à Portet, je travaille dans une pizzeria. Je sors du carrefour, les gendarmes m’ont dit « contrôle, vous avez une OQTF » (obligation de quitter le territoire français) « on va t’envoyer à Seysses » (maison d’arrêt), j’ai eu peur je voulais me sauver, je suis parti en courant, ils m’ont attrapé, ils m’ont mis par terre, ils m’ont frappé, ils ont mis un genoux sur mon cou. J’ai donné un coup avec mon bras au policier pour me sauver, ils ont porté plainte contre moi pour blessures, le policier a eu 8 jours de maladie, il a fait exprès pour m’envoyer à Seysses.

Le juge m’a mis un an et j’ai fait 6 mois à Seysses. Y’a beaucoup de hogra dans la prison, y’a des problèmes dans les cellules. Ici aussi, les gens rentrent dans les chambres dans la nuit pour fouiller tes affaires.

Ici y’a des policiers nickels mais ya des groupes méchants avec nous. Ils ont frappé quelqu’un qui a pris du pain pour le manger dans sa chambre. On mange à 19h et jusqu’à minuit on n’a rien, on a faim. Le policier lui a dit « vous êtes des animaux ». Les policiers sont pas contents quand on rigole entre nous, quand on fait des jeux. Ils ont mis un copain au mitard pendant 8 jours. Il est fort et quand il est ressorti il avait perdu plusieurs kilos.

ça fait 6 mois que je n’ai pas parlé avec ma famille, c’est la honte pour la famille la prison, j’ai le coeur brisé. Je n’ai pas de visites depuis 7 mois.

Je prends 4 médicaments par jour ici et en prison pour dormir, le stress, l’angoisse. Dehors je prenais rien, pas d’alcool, pas de zetla, pas de médicaments.

J’ai traversé la mer pour venir ici, zerma l’Europe c’est bien pour travailler… Je suis ingénieur en urbanisme, j’ai un Master 2, je suis en train de perdre tout ce que j’ai appris. Je voulais m’inscrire à la fac de Paris VIII ou à Bordeaux. »

Mise à jour  : K. est passé devant le JLD (Juge des libertés et de la détention) le 08 juillet. ça faisait 30 jours qu’il était déjà enfermé et n’avait toujours pas de laissez-passer de l’Algérie qui permettrait son expulsion. Le représentant de la prefecture dit à l’audience du JLD que le Consul algérien est venu voir K. au CRA pour une reconnaissance mais K. n’a vu personne. Le juge ne tient pas compte de sa réponse. C’est sa parole contre celle de la prefecture car aucune preuve n’est donnée aux prisonniers quand les représentant.es des consulats viennent les voir. L’appel du JLD a eu lieu le 9 juillet et le juge a confirmé la prolongation de K. de 30 jours sachant qu’ils ne pourraient pas le déporter. On le rappelle, l’enfermement a un double objectif, expulser les personnes sans papiers mais aussi les punir, leur faire subir la violence de l’enfermement et les décourager ainsi à rester sur le territoire français.

Mise à jour août 2024 : K. a été libéré du CRA mais mis en assignation à résidence (AAR) à Toulouse alors qu’il ny réside pas, 45 jours renouvelables 2 fois et une signature au comissariat 2 fois par semaine. Là encore cette mesure de privation de liberté relève de l’acharnement puisqu’il n’est pas expulsable, tout comme l’attribution d’une Interdiction de territoire français (ITF) aux personnes ayant fait de la prison. C’est la double peine judiciaire.

« Ici c’est la hoggra sans pitié »

Nous relayons les propos de prisonniers du centre de rétention (CRA) de Toulouse. Ils racontent les violences médicales et psychologiques ainsi que le déni de soin que subissent quotidiennement les personnes enfermées dans les centres de rétention. Nous rappelons que ces comportements et ces pratiques nuisibles et dégradantes ne sont pas le fait de quelques individus mais qu’ils sont quotidiens, systémiques dans toutes les prisons pour sans papiers. Mais comme toujours, cela se passe en toute impunité et dans le silence.

M : « Quand j’étais en prison pendant 3 et demi j’étais suivi par une psychologue. D’abord à la prison de Fresnes après ils m’ont transféré à Metz. Ici au centre j’ai pris rdv avec la psychologue mais ils m’appellent pas, ils me disent tu n’es pas sur la liste. Mais moi j’ai parlé avec la dame c’est elle qui m’a proposé. La police veut pas me laisser la voir. 2 collègues sont allés la voir. Pour l’audience de l’appel, ils m’ont pas appelé, c’est la hogra sans pitié ici j’te jure. Je leur ai pas parlé mal, j’étais gentil. J’ai une grand broche dans le dos à cause d’un accident grave, dans ma tête aussi. Je leur ai dit je suis malade, j’ai des problèmes à la tête tout est dans mon dossier médical, en prison, ils m’ont soigné. Le médecin ici il me croit pas. L’autre fois il a jeté le stylo, il s’est énervé. J’ai expliqué l’accident que j’ai eu. Quand il voit mon dossier il doit comprendre normalement. J’ai demandé qu’il me donne du Prégabaline, le docteur ici veut pas me le donner, il m’a donné Tramadol à sa place mais ça va pas. Le Tramadol ça sert à rien pour moi. Il y en a ici qui prennent du Tramadol ils sont même pas malades, pourquoi je vais prendre ça ? Je vais pas me rendre dingue avec ça pour rien. Depuis 2019 je prends Prégabaline en prison, j’ai eu de la kiné, il m’ont donné de la pommade pour que je masse mon dos, c’est pas comme ici, ici c’est la hoggra sans pitié.

L’avocat a dit que je suis malade, fracture dans ma tête, vis dans le dos mais le juge s’en fout.
Il y a u policier qui est mauvais ici, il m’a pris la tête, j’ai dit je parle pas avec vous monsieur, je sais après qu’il va m’emmener devant le juge, les policiers ils nous prennent pour des animaux, je vous dis la vérité. Y’en a c’est des chefs ils te parlent bien. J’espère que ça va bien se passer ici avec eux. J’ai peur.
J’ai ma femme qui m’attend ici, je suis père de famille, j’ai une maison. Ils m’ont envoyé ici pour rien du tout, j’ai pas volé, pas bagarré rien. Ils m’ont contrôlé, j’étais en train d’acheter des affaires pour l’Aïd, ils m’ont arrêté à la porte. ça faisait 20 jours que j’étais sorti de prison.
Je suis partie voir la Cimade, j’ai parlé avec la dame, pourquoi les policiers m’ont pas prévenu pour aller à l’audience de l’appel et aussi pour le psychologue. Elle m’a dit je sais pas, je peux rein faire pour ça. On est des êtres humains nous, on n’est pas des animaux. Dieu punit ceux qui font du mal. »

S : « Je veux rentrer en Algérie, y’a pas de problème, mais ramenez-moi mes médicaments, j’ai jamais rien fait de mal, j’ai toujours travaillé, j’ai fait mécanicien. J’ai besoin de ce médicament je ne peux pas manger, ça fait une semaine qu’ils me le donnent pas, le Pylera avec l’Oméprazone car j’ai une bactérie. Quand j’ai demandé au médecin pourquoi je n’ai pas mon médicament, le policier à côté m’a dit ferme ta gueule. Ils nous laissent pas aller en promenade le matin, que l’après-midi et souvent c’est fermé aussi.
J’étais aux Pays Bas, j’ai demandé l’asile là-bas, après je suis venu ici en France, on m’a dit qu’il y a du travail. Ils nous supportent pas nous les algériens. Maintenant, les expulsions c’est avec le 2eme avion et l’escorte ».

17 octobre 1961 un massacre colonial d’Etat

Manif interdite par la préfecture de Toulouse

Le massacre d’État du 17 octobre 1961 doit être l’occasion de nous rappeler que la France est toujours un état colonial qui continue d’exercer une violence économique, politique et militaire en Afrique et dans les territoires ultra marins. Cette domination de la France sur ses anciennes colonies s’exerce aussi par la fermeture de ses frontières, et la militarisation des frontières de l’Europe. Ce contrôle représente un marché en plein essor pour l’industrie militaire et sécuritaire, qui construit les murs, les camps et les systèmes de surveillance de plus en plus sophistiqués, qui enferment et tuent les personnes exilées. La France avec l’Europe a mis en place des partenariats à coup de milliards d’euros avec des pays de transit pour externaliser ses frontières, organiser et déléguer la barbarie de l’enfermement, des violences et des refoulements en mer et dans le Sahara ; l’Europe s’en lave ainsi les mains !

Le nombre de personnes qui meurent en Méditerranée, dans la Manche, au large des îles Canaries, entre Mayotte et Les Comores ne cessent d’augmenter. La France et les autres états européens sont responsables de ces morts de masse ! Mais il y a des morts qui ne comptent pas. Il y a des vies qui ne valent pas d’autres vies.

En France, le CESEDA, le Code d’entrée et de séjour des étrangers, qui régit le droit des personnes étrangères, est un droit d’exception, raciste et sexiste, hérité du Code de l’indigénat, qui organisait le contrôle des « indigènes » en Algérie et dans les autres colonies. Le CESEDA, comme le code de l’indigénat, met en place la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations des personnes étrangères.

L’enfermement administratif en France dans des prisons pour étrangers et étrangères, les CRA, c’est près de 45 000 personnes par an dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial ou la violence d’État se déchaine et où sont menés de véritables transferts forcés de population.

Tout cela est rendu possible par la déshumanisation et l’infériorisation des personnes non-blanches. Cette racialisation produite pendant les colonisations, et perpétuées depuis, justifie des traitements violents dans les lieux d’enfermement, à Calais ou à la frontière franco-italienne, où les exilés sont pourchassés comme des animaux. Elle permet de désigner l’ennemi intérieur et extérieur, construit comme étant violent, violeur, fraudeur, ne pouvant s’adapter à la société française ; elle autorise une exploitation sans limites des travailleurs sans papiers et une persécution dans l’espace public des personnes racisées.

C’est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin de nous mobiliser et de nous organiser contre ses politiques racistes meurtrières ici en France, en soutien aux personnes sans papiers mais aussi contre le colonialisme et l’impérialisme, ces luttes sont indissociables !

A bas le colonialisme et l’impérialisme ! A bas les frontières, solidarité avec tous les immigrés et les peuples en lutte pour leur indépendance ! Vive la Palestine libre !

Journée de rencontres contre les politiques anti-immigration

A la Chapelle, le dimanche 14 mai, venez participer à la journée contre les politiques anti-immigration pour s’informer et lutter

13h-14h30 réunion publique : états des lieux des politiques et des luttes

15h-16h30 table ronde : la répression coloniale à Mayotte

15h-18h ateliers, tables : LGBTI, santé

17h-18h atelier : droit des étrangers.ères pour les nul.le.s

18h30-20h Assemblée générale : organiser les luttes

20h-22h repas & boum

Bar et grignotage toute la journée !

« Ici je pense tous les jours où je vais mettre un drap pour me pendre »

Le témoignage de B. illustre les violences médicales et psychologiques ainsi que le déni de soin que subissent quotidiennement les personnes enfermées dans les centres de rétention. Ce n’est pas le premier témoignage de refus de soin et de maintien d’une personne enceinte en rétention à Toulouse, lire ici le récit de V enfermée malgré l’incompatibilité de son état avec l’enfermement. Il s’ajoute à une longue liste de témoignages de détresses psychologiques, d’usage de psychotropes distribués par le médecin du centre pour assommer les personnes ou d’absence de soins dans des cas de blessures graves.  Les tentatives de suicide sont nombreuses. Ici le récit concernant une personne qui s’est suicidée à  Bordeaux suite à l’absorption  d’anxiolytiques et de somnifères distribués par le médecin.

B. mentionne aussi son interdiction de territoire français (ITF) à vie et son enfermement en CRA alors qu’elle n’est pas expulsable. Cela répond à la même logique selon laquelle les Algérien·nes continuent d’être enfermé·es  en ce moment alors que l’Algérie ne délivre explicitement aucun laisser-passer. Le CRA n’est pas qu’un rouage de la logique de déportation des étranger·es, mais c’est aussi un outil de répression envers celleux qui ne peuvent pas être expulsée·es. Il s’agit de les obliger à s’invisibiliser, à se soumettre aux conditions de travail les plus pourries, voire à partir sans faire de bruit lorsque les patrons refusent de payer les personnes embauchées au black.

Mais partout les prisonnier·es se mutinent et résistent malgré tout ! Récemment, il y a eu des évasions (à Sète et à Oissel), des grèves de la faim à Holsbeek en Belgique, de la résistance collective à Toulouse… Partout dans le monde, à bas les frontières, feu aux CRA et crève la taule !

« Je suis Rrom avec une carte « gens du voyage », je suis en France depuis que je suis petite, depuis que j’ai 4 ans, ils veulent m’expulser en Bosnie mais je ne connais personne là-bas. Le seul pays que je connais c’est la France. Je suis sortie de prison de Marseille, ils m’ont mise ici, c’était ma phobie de venir ici, c’est pire que la prison.

On devient fous ici, quand on sort d’ici on peut exploser dehors et faire n’importe quoi tellement ça rend fou ici. Ils m’ont mis une interdiction à vie (Interdiction de Territoire Français – ITF). Pourquoi à vie ? Même les gens qui tuent on leur donne pas une interdiction à vie. Ils m’enferment ici pour me punir en plus de la prison. Il restait 3 mois en prison que j’ai pas fait, ils veulent me les faire payer ici. Ils m’ont enlevé mes enfants, y’en a un en foyer et 2 dans des familles d’accueil, je ne peux même pas leur parler. C’est compliqué, je ne sais pas comment faire, je n’ai pas eu d’aides pour tout ça.

Je suis ici depuis presque un mois, il y a une fille de 21 ans, elle ne parle pas français, elle est enceinte de 5 mois, elle est malade, elle vomit, elle saigne, je peux pas la laisser comme ça, ça me fait de la peine. J’ai appelé la sage-femme de l’hopital pour qu’elle appelle le médecin du CRA. Je ne sais pas ce qu’il a fait.
Ils l’ont emmené à l’hopital parce qu’elle avait un RDV d’avant, ils ont dit qu’elle a le diabète, ils l’ont ramenée au centre, ils vont l’expulser le 12 avil. C’est pas possible de laisser une femme enceinte dans ce centre.
C’est invivable ici, j’ai demandé de voir un psychologue, je me sens pas bien, il va pas venir, je sais pas pourquoi, ils font n’importe quoi avec les gens.

J’ai peur la nuit ici, il y a du bruit. Ils veulent que les gens se suicident, depuis que je suis ici j’ai des idées noires tous les jours, ils vont me rendre folle. J’ai passé 24 mois en prison, j’avais des idées noires quand je pensais à mes enfants, à ma mère mais ici c’est tous les jours les idées noires, je pense tous les jours où je vais mettre un drap pour me pendre. »

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi 18 mars contre les violences d’Etat, le racisme sytémique et les frontières

Beaucoup de monde mobilisé ce jour à Toulouse, contre les violences d’Etat, le racisme systémique, les frontières et notamment contre le projet de loi Darmanin anti-immigration

L’organisation a été portée par des collectifs féministes, anticolonialistes, antifascistes, antiracistes, des réseaux de soutien aux personnes sans-papiers, des collectifs en lutte contre les violences et crimes d’État et contre les frontières.

 

Prise de parole du collectif Toulouse Anti CRA :

Il y a les violences d’État que subissent les personnes étrangères. Elles sont traquées partout : aux frontières, au travail, dans la rue. Elles doivent quotidiennement se confronter à la police et aux politiques racistes mises en place depuis des années contre les immigrées. Ces violences d’État sont héritées des pratiques coloniales et du code de l’indigénat : la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations.

Les personnes sans papiers peuvent être arrêtés et se retrouver en centres de rétention administrative, les CRA. Le CRA de Toulouse Cornebarrieu est situé au bord des pistes de l’aéroport et 126 personnes peuvent y être enfermées. Dans ces prisons pour étrangers et étrangères, les personnes sont enfermées jusqu’à 3 mois en vue d’être expulsées. Mais toutes les personnes ne sont pas expulsables, et l’enfermement poursuit aussi un autre objectif qui est de punir et soumettre une partie de la population, de mater les personnes afin qu’elles s’invisibilisent et qu’elles ne se rebellent pas face aux patrons qui les exploitent.

Il y a près de 50 000 personnes enfermées par an sur l’ensemble du territoire, dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial et lointain où la violence d’État se déchaîne.

À l’intérieur des CRA, les personnes ont faim, elles subissent quotidiennement des provocations, des humiliations, des insultes racistes, des refus de soin, et des violences policières. Des personnes se suicident, les CRA tuent. En septembre 2018, Karim, 31 ans, s’est pendu dans sa chambre au CRA de Toulouse suite à la prolongation de son enfermement par le juge.

Les prisonnières et prisonniers des CRA luttent quotidiennement contre l’enfermement et contre l’expulsion, que ce soit par des évasions, des incendies, des grèves de la faim et des refus de vol. Les personnes qui se rebellent et luttent sont régulièrement envoyés à la maison d’arrêt de Seysses après un passage au commissariat. Les allers-retours entre CRA et prison sont en augmentation. À Toulouse, de nombreuses personnes se retrouvent en circuit fermé entre le CRA et Seysses.

Depuis plusieurs années, l’État renforce la double peine, où il s’agit d’expulser un maximum de personnes qui ont été condamné à de la prison. Les personnes étrangères, plus contrôlées, plus judiciarisées et condamnées à des peines plus sévères représentent 25% des prisonnières et prisonniers. Cette justice de classe et de race qui enferme les pauvres, les personnes racisées et les personnes étrangères s’appuie sur un arsenal juridique de plus en plus répressif et une augmentation des lieux d’enfermement.

L’État est en train de construire de nouveaux CRA partout sur le territoire, en 2027 le nombre de places aura triplé en 10 ans. Il construit aussi partout de nouvelles prisons, avec 15 000 nouvelles places d’ici 2027. Il y a à Toulouse le projet d’une nouvelle maison d’arrêt, à Muret, en plus de celle de Seysses.

Ces violences d’État s’exercent aussi aux frontières. La France et l’Europe sont responsables de milliers de morts chaque année en Méditerranée, dans la manche, au large de Mayotte. C’est l’occasion d’un business juteux pour les multinationales du militaire et du sécuritaire. L’Europe renforce en ce moment ses dispositifs anti-migratoires.

En France, le projet de loi raciste de Darmanin sur l’immigration est discuté au parlement. L’objectif est de durcir la condition des immigré·es, de renforcer l’exploitation des travailleurs et travailleuses avec des titres de séjour précaires. Cette loi permettra de réprimer et de criminaliser davantage celles et ceux qui ne seront plus utiles aux patrons, qui ne se soumettront pas aux « valeurs de la République » ou qui représenteront une « menace à l’ordre public » selon les préfectures. Au final, cette loi permettra d’enfermer davantage en CRA et d’expulser encore plus facilement. Mais Il s’agit de la 30e loi anti-immigration en 40 ans et ce n’est pas seulement contre elle mais contre toute la politique migratoire de l’État qu’il faut lutter.

Solidarité avec toutes les personnes immigrées ! Solidarités avec les prisonniers et prisonnières en lutte dans toutes les prisons !

Rassemblement devant le CRA de Toulouse

Dans le cadre des mobilisations nationales contre la loi raciste de Darmanin, qui prévoit d’exploiter d’avantage les travailleur·euses sans papiers, d’enfermer et d’expulser plus les étranger·es, des manifestations contre les CRA se sont déroulées dans plusieurs villes, le week-end du 18 février : Lyon, Paris, Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg.

A Toulouse, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant le CRA de Cornebarrieu pour faire entendre leur solidarité avec les personnes qui y sont enfermées et qui subissent le racisme et les violences d’État. Elles ont passé de la musique et échangé par dessus les murs avec les prisonniers de plusieurs secteurs avant l’arrivée des gendarmes.

A l’intérieur, quand les prisonniers sont sortis dans les cours de promenade pour crier avec les manifestant·es et danser sur la musique, les flics sont ensuite venus équipés de matraques et de gaz pour les empêcher de communiquer avec l’extérieur et les faire entrer dans le bâtiment.

Solidarité avec les prisonnier·es en lutte !
Solidarité avec toustes les immigré·es !
A bas les CRA et les frontières !

Si je meurs devant eux, ils s’en foutent

Les flics répriment violemment les prisonniers au CRA de Toulouse

Les prisonniers et prisonnières du CRA de Toulouse se révoltent régulièrement contre la condition qui leur est faite, mais leurs résistances comme la répression qu’ils subissent sont invisibilisées. Récemment, tous les prisonniers d’un bâtiment ont foutu le bordel pour exiger la prise en charge à l’hôpital de l’un des leurs, sans succès. Quelques jours auparavant, suite à un refus collectif de plateau dans un des secteurs du CRA de Toulouse, des prisonniers ont été désignés comme meneurs par les flics puis placés au mitard et frappés. Les policiers ont ensuite porté plainte contre l’un deux, heureusement sans suite pour cette fois. Mais les violences physiques et psychologiques des flics de la PAF sont quotidiennes, et les placements au mitard ou en taule fréquents.

On était à la cantine, au diner. On a dit aux policiers : « on mange pas, c’est de la mauvaise nourriture. On a faim. Pourquoi on ne peut pas prendre du pain et des yaourts dans les chambres pour manger la nuit quand on a faim ? Y’a qu’ici que c’est comme ça, c’est bizarre. » On a tous crié pour dire qu’on était pas bien et un policier m’a demandé à moi : « pourquoi tu parles toi, à cause de toi, tout le monde crie. » Et alors ils nous ont mis à quatre au mitard. Ils ont tapé deux collègues. Y’en a un qui a eu des traces sur le corps. Ils lui ont mis des coups de poings et des coups de pieds à la tête dans le couloir.

Même si on mange pas, ou si on fait la grève de la faim, ils s’en battent les couilles. Ils savent qu’on a pas de papiers, donc on compte pas. Si je meurs devant eux, ils s’en foutent. Le centre de Toulouse c’est le pire. On a des boutons, on se gratte, on leur a dit. Normalement si quelqu’un a des boutons, tu le laisses pas avec les autres, n’importe qui peut attrapper ça après. J’ai dit au policier qu’ils avaient pas le droit de laisser les gens avec les boutons et qui se grattent. Lui il m’a répondu que non, c’est rien. Ils savent qu’on peut rien faire. Ils savent qu’à la fin c’est eux qui gagnent.

Les copains ils ont pas porté plainte. Moi ils m’ont mis au mitard et ensuite en garde à vue. Les policiers ont porté plainte contre moi, comme quoi j’ai insulté les policiers et comme quoi j’ai dit aux autres on fait ça et ça, genre c’est moi le responsable. L’avocate leur a dit que c’était pas normal de me mettre au mitard et en garde à vue. Et le procureur a dû me laisser repartir, j’ai rien eu.

Les policiers dans leur tête ils vont m’envoyer en prison. Comme un collègue, il a rien fait, il a juste parlé, il a pris 6 mois ! J’étais choqué, il a rien fait ! Le pauvre il s’est embrouillé avec une policière qui travaille là. Lui genre il a pas parlé avec elle au début. Il parlait avec nous et il a dit genre un gros mot. Elle est venue et, comment dire, ici ils provoquent les gens pour que tu parles et tout. Elle l’a insulté, des insultes de fou. Elle a fait un dossier et les autres policiers sont venus avec elle. Elle a pris le visage de notre collègue dans ses mains
avec ses ongles, elle l’a griffé sur son visage. Après ils l’ont emmené au mitard. Ensuite il nous a appelé sur la cabine pour nous dire qu’ils lui avaient mis 6 mois de prison.

Ici tu parles avec les policiers et ça y est, ils veulent t’envoyer en prison. Tu peux rien faire, rien dire, ils disent « ici c’est moi qui décide ». On a pas de droits.

 

Rassemblement devant le CRA de Toulouse ce 18 décembre en solidarité avec les personnes enfermées, contre les frontières et les prisons

Ce dimanche, une vingtaine de personnes se sont rassemblées devant le centre de rétention de Toulouse-Cornebarrieu, à côté de l’aéroport, à l’occasion de la mobilisation nationale pour les droits des personnes sans papier et contre les politiques migratoires répressives de l’État français.
On voulait faire entendre notre solidarité avec les personnes qui y sont enfermées et qui subissent le racisme et les violences d’État et des flics qui les gardent. Encore la semaine dernière, des prisonniers du CRA ont dénoncé une énième fois l’agression de l’un d’eux par les agents de la PAF.

Et pendant ce temps, le ministre de l’intérieur Darmanin prépare une nouvelle loi anti-migrant·es qui prévoit encore plus de contrôles, d’enfermements et d’expulsions.

On a crié des slogans et passé de la musique. On a pu entendre les prisonniers crier en réponse à l’intérieur. Dans au moins un des secteurs, les personnes sont sorties dans la cour pour crier en réponse. Par téléphone, d’autres expliquaient que les flics essayaient de les faire rentrer dans les bâtiments pour ne pas qu’ils puissent nous entendre, ou les empêchaient de sortir dans les cours de promenade. Pendant ce temps, une dizaine de keufs à moitié équipés se rassemblaient à l’entrée du CRA pour nous surveiller. On est finalement reparti.es sans se faire inquiéter, et content.es d’avoir pu échanger par dessus les barbelés avec les prisonnier.es.

Continuons à manifester notre solidarité, multiplions les actions devant les CRA et les prisons ! À bas l’État, les flics et les frontières !
Ni prison, ni expulsion !

Violences policières au CRA de Toulouse

Nous relayons le témoignage d’un prisonnier du centre de rétention administrative de Cornebarrieu Toulouse qui relate les violences policières qu’ils ont subi, lui et un camarade. Celui-ci, en plus d’avoir été tabassé, a reçu une plainte des flics contre lui. Un procédé habituel dans les CRA qui sert à couvrir les flics, à obtenir des primes, à dissuader celleux qui oseraient résister à leurs provocations racistes et leurs humiliations quotidiennes.

« On était en train de manger à la cantine, le policier a insulté un jeune, il a insulté sa mère, on a dit au policier pourquoi tu l’insultes, il est jeune, tu insultes la daronne, ça se fait pas.

Il a pris mon copain, il l’a monté à la salle d’attente, il l’a tapé devant moi, je suis témoin, il lui a mis des tartes, des coups, il lui a mis des coups dans les yeux, il a eu du sang dans les yeux après. Il a un certificat médical. Y’a les vidéos aussi. Il a demandé à porter plainte. Et Le policier a porté plainte avant.

Ils ont emmené mon copain en garde à vue, ensuite, ils l’ont ramené à 1 heure du matin ici au centre et juste après, ils l’ont transféré au centre de Perpignan. Moi aussi il m’a frappé, il m’a insulté. J’ai pas porté plainte, je suis témoin pour mon copain pour sa plainte »