Rassemblement devant le CRA de Toulouse

Dans le cadre des mobilisations nationales contre la loi raciste de Darmanin, qui prévoit d’exploiter d’avantage les travailleur·euses sans papiers, d’enfermer et d’expulser plus les étranger·es, des manifestations contre les CRA se sont déroulées dans plusieurs villes, le week-end du 18 février : Lyon, Paris, Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg.

A Toulouse, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant le CRA de Cornebarrieu pour faire entendre leur solidarité avec les personnes qui y sont enfermées et qui subissent le racisme et les violences d’État. Elles ont passé de la musique et échangé par dessus les murs avec les prisonniers de plusieurs secteurs avant l’arrivée des gendarmes.

A l’intérieur, quand les prisonniers sont sortis dans les cours de promenade pour crier avec les manifestant·es et danser sur la musique, les flics sont ensuite venus équipés de matraques et de gaz pour les empêcher de communiquer avec l’extérieur et les faire entrer dans le bâtiment.

Solidarité avec les prisonnier·es en lutte !
Solidarité avec toustes les immigré·es !
A bas les CRA et les frontières !

Mobilisons-nous contre le projet de loi Darmanin, une nouvelle loi raciste pour expulser davantage les immigré·es !

Les lois migratoires répressives se suivent et s’empilent, c’est la 30ème loi en 40 ans, son projet est de renforcer l’exploitation, la soumission et la répression des étranger·es.

Cette loi vient alimenter le Code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile, le CESEDA, code d’exception, raciste et sexiste, hérité de l’idéologie coloniale et des codes d’exception, comme le Code de l’Indigénat, qui organisait le contrôle des « indigènes » dans les colonies avec entre autres la limitation de circulation, l’enfermement administratif et la déportation.

Comme d’habitude, le gouvernement se revendique d’un équilibre humaniste. En réalité, cet équilibre signifie renforcer l’exploitation des travailleur·euses immigré·es pour donner des gages aux patrons d’une part, et de l’autre réprimer et criminaliser davantage celles et ceux qui ne rentrent pas dans les bonnes cases, pour contenter l’extrême droite. Les nouveaux titres de travail encore plus précaires que les précédents vont de pair avec l’augmentation du nombre de place en centres de rétention administrative (CRA). Le renforcement de la répression accentue la pression sur les personnes sans papier, contraintes d’être exploitées sous peine d’être arrêtées, enfermées et expulsées.

Pour favoriser l’exploitation des personnes sans papier, le gouvernement annonce la création d’une carte de séjour temporaire « métiers en tension », les personnes déjà employées dans ces métiers depuis plusieurs mois pourront être régularisées automatiquement et pour une durée d’un an. Mais ce titre implique non seulement de conserver le même emploi, mais peut aussi ne plus être renouvelé si le métier en question sort de la liste « en tension ». Et les personnes seront alors susceptibles d’être expulsées. Il s’agit donc d’organiser le contrôle d’étranger·es corvéables puis expulsables, asservis aux besoins en main-d’œuvre du patronat.

Cette réforme fait partie de la guerre aux pauvres que le gouvernement mène depuis des mois – réforme du chômage, loi anti-squat, réforme des retraites … et maintenant loi anti-migrant. Les métiers « en tension » sont en effet sans surprise les secteurs qui peinent à recruter car les conditions de travail et les salaires y sont pourris. Ce sont donc des emplois en bas de l’échelle sociale, non qualifiés, et qui ne donnent accès qu’à des titres de séjour précaires.
Dans le même temps, des personnes qualifiées peuvent obtenir des titres de séjour pluriannuels sous certaines conditions, mais dans les deux cas, on est bien dans un système impérialiste de pillage de la main d’oeuvre de pays plus pauvres, en fonction des besoins du moment.

Dans le domaine du soin, l’intention est de pallier au délabrement du système de santé mais sans avoir à répondre aux revendications des personnels mobilisés depuis trois ans ou au malaise dans les hôpitaux. La loi prévoit une carte de séjour pluriannuelle spécifique aux professionnels de santé, mais qui les maintient comme aujourd’hui dans la précarité : sans reconnaissance des diplômes, pour des salaires moindres et à des postes spécifiques, mobiles sur tout le territoire.
La France profitera cette fois encore d’une main d’œuvre qualifiée, bon marché, formée aux frais des pays d’origine, essentiellement d’Afrique subsaharienne et du Maghreb qui manquent déjà de médecins.

Dans un contexte où les arguments de l’extrême droite sont tranquillement repris par le gouvernement, l’obsession assimilationniste s’intensifie et de nouveaux obstacles à la régularisation apparaissent : il ne faudra plus simplement suivre des cours de français mais justifier de sa maîtrise.
D’autre part, la loi prévoit d’imposer à celles et ceux qui obtiennent un titre de séjour de « respecter les principes de la République et de rendre possible le refus, le retrait, ou le non-renouvellement de certains titres de séjour pour des nouveaux motifs liés à son comportement ». Ce fourre-tout sans contours des principes accroît encore le pouvoir discrétionnaire de la préfecture.
Mais derrière ces formulations vagues, ce sont avant tout les musulman·es qui sont encore ciblé·es par ce projet, cette loi est un pas de plus dans la mise en œuvre d’une islamophobie d’État.

Pour celles et ceux qui ne pourraient bénéficier des nouveaux titres de séjour liés au travail, la répression s’accentue et le gouvernement entend enfermer et expulser davantage les personnes sans papier en faisant sauter les quelques freins légaux existants.
Et il commence par s’attaquer aux quelques catégories protégées par la loi : parent d’enfant français, résident de plus de vingt ans, etc.
Désormais, les préfectures pourront passer outre en invoquant la « menace grave pour l’ordre public, la sécurité publique ou la sûreté de l’État », encore des notions suffisamment vagues pour laisser libre cours à l’interprétation.
De plus, cette « menace » permettra également de retirer ou de ne pas renouveller un titre de séjour. Dans le même temps, le nombre de recours pour contester son expulsion sera divisé par trois.

Toujours pour satisfaire l’extrême droite, Darmanin a annoncé partout qu’il remettait en place la double peine (les personnes étrangères sont doublement sanctionnées puisqu’en plus de la peine d’emprisonnement, elles sont expulsées).
Celle-ci n’a en réalité jamais disparu et depuis plusieurs années déjà, l’Etat accentue la pression sur les personnes étrangères emprisonnées pour augmenter leur enfermement au CRA et leur expulsion.
Plus largement, il criminalise les personnes sans papiers visées par une mesure d’expulsion, en projetant de les inscrire systématiquement dans le fichier de police des personnes recherchées.

Dans le même temps, pour pouvoir enfermer toujours plus d’étranger.es, le parlement vient de voter le passage à 3000 places en CRA d’ici 2027, soit un triplement par rapport à 2017. Pour rappel, ce sont près de 50 000 personnes par an qui sont enfermées en France dans ces prisons pour étranger.es.

Des mobilisations contre la loi Darmanin et contre les frontières s’organisent en février et mars sur tout le territoire.
A Toulouse, une date est déjà fixée pour une manifestation le 18 mars, journée nationale de lutte contre les violences d’État. Infos à venir.

Soutien à tous·tes les immigré.es !
Pour en finir avec les frontières et leurs prisons !

Rassemblement devant le CRA de Toulouse ce 18 décembre en solidarité avec les personnes enfermées, contre les frontières et les prisons

Ce dimanche, une vingtaine de personnes se sont rassemblées devant le centre de rétention de Toulouse-Cornebarrieu, à côté de l’aéroport, à l’occasion de la mobilisation nationale pour les droits des personnes sans papier et contre les politiques migratoires répressives de l’État français.
On voulait faire entendre notre solidarité avec les personnes qui y sont enfermées et qui subissent le racisme et les violences d’État et des flics qui les gardent. Encore la semaine dernière, des prisonniers du CRA ont dénoncé une énième fois l’agression de l’un d’eux par les agents de la PAF.

Et pendant ce temps, le ministre de l’intérieur Darmanin prépare une nouvelle loi anti-migrant·es qui prévoit encore plus de contrôles, d’enfermements et d’expulsions.

On a crié des slogans et passé de la musique. On a pu entendre les prisonniers crier en réponse à l’intérieur. Dans au moins un des secteurs, les personnes sont sorties dans la cour pour crier en réponse. Par téléphone, d’autres expliquaient que les flics essayaient de les faire rentrer dans les bâtiments pour ne pas qu’ils puissent nous entendre, ou les empêchaient de sortir dans les cours de promenade. Pendant ce temps, une dizaine de keufs à moitié équipés se rassemblaient à l’entrée du CRA pour nous surveiller. On est finalement reparti.es sans se faire inquiéter, et content.es d’avoir pu échanger par dessus les barbelés avec les prisonnier.es.

Continuons à manifester notre solidarité, multiplions les actions devant les CRA et les prisons ! À bas l’État, les flics et les frontières !
Ni prison, ni expulsion !

Assemblée publique contre les CRA

Dimanche 27 novembre 2022 au Motor à 17h
44 rue Michel Ange 31200 Toulouse

Le collectif Toulouse Anti CRA organise une assemblée publique pour se rencontrer, échanger des informations, organiser des actions et des mobilisations contre les frontières et les centres de rétention (CRA) à Toulouse.

La loi immigration Darmanin en préparation pour entrer en vigueur début 2023 prévoit encore plus de répressions, dʼenfermements et dʼexpulsions, dans la continuité des politiques racistes que lʼÉtat mène contre les personnes étrangères depuis des décennies.

Pour en finir avec les frontières ! Ni prison ni expulsion !

 

tract au format pdf

Action contre l’ouverture du nouveau CRA de Lyon

Nous relayons le texte de camarades concernant l’ouverture du nouveau CRA de Lyon :

« Ce lundi 17 janvier 2022 a lieu l’ouverture officielle du nouveau CRA (centre de rétention administrative) de Lyon, à côté de l’aéroport Saint-Exupéry, ainsi que le transfert des prisonnierxs de l’ancien CRA en son sein. Pour ne pas laisser l’Etat organiser sa politique d’enfermement dans le silence, nous avons décidé de visibiliser l’ouverture du nouveau CRA et de perturber le transfert en soutien aux prisonnierxs.

Depuis des mois, l’ouverture d’un nouveau CRA se fait dans le silence médiatique le plus total, alors qu’elle constitue un élément de plus dans la répression à l’égard des personnes considérées comme sans-papiers, et dans la politique migratoire raciste et criminelle de l’Etat français.

En 2019 le Gouvernement Macron annonçait la construction de 3 nouveaux CRA (à Lyon, à Bordeaux et à Olivet près d’Orléans).
Ce sont les premières constructions de CRA depuis près de 10 ans, mais ces dernières années, des centaines de nouvelles places ont été créées, les taux d’occupation des CRA ont continué d’augmenter (agrandissement, extension, rénovation) et de nouveaux projets sont déjà en cours.
L’objectif de l’Etat est clair : augmenter toujours plus les capacités d’enfermement quitte à y mettre des millions d’euros pour criminaliser, torturer et expulser les personnes qui n’ont pas les bons papiers selon l’Etat français. Les CRA, CPR, centres fermés et équivalents sont ainsi l’un des maillons de la chaîne répressive contre les sans-papiers. Ils sont la continuité immédiate des opérations de rafles dans les lieux de transit et les quartiers populaires, l’envers de l’organisation du non-accueil ainsi que le prolongement direct des violences policières contre les exiléxs, que ça soit dans les camps à Calais ou ailleurs.
La machine carcérale vient compléter l’arsenal des politiques de refoulement, toujours plus sophistiquées et criminelles par la militarisation et l’externalisation des frontières.
Le contexte électoral actuel, saturé par les mots d’ordre des extrêmes droites, renforce et légitime encore plus que d’habitude les discours racistes et sécuritaires de l’Etat. Les surenchères islamophobes, le mythe d’un « ennemi de l’intérieur » et la banalisation des théories du remplacement, diffusés à tour de bras sur les plateaux des médias maintstream, offrent un terrain favorable au durcissement des politiques migratoires et encouragent le gouvernement à multiplier les mesures racistes et la persécution des exil.ées.
Les travaux du nouveau CRA de Lyon ont commencé au printemps 2020. Il est situé sur la parcelle de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry, très proche du CRA déjà existant. Sa capacité est de 140 places qui s’ajoutent aux 140 places déjà existantes.
Le système des CRA est un véritable business pour nombre d’entreprises privées et d’associations qui se font du fric avec la construction, la gestion et la maintenance de cette prison. Le nouveau CRA a couté plus de 20 millions d’euros à l’Etat qui vont dans les poches du géant du BTP Eiffage.
Actuellement, en plus des violences quotidiennes inhérentes à l’enfermement subies par les prisonnierxs s’ajoutent la crainte et l’insécurité liées au contexte sanitaire (promiscuité, pas de mesures barrières, pas d’accès aux soin).
En effet, le CRA de Lyon est un véritable cluster depuis le début du mois de décembre.

Depuis quelques semaines, il sert officiellement de « CRA-Covid » et des prisonnierxs de toute la France testéxs positifves y sont transféréxs.

Informons nous, ne laissons pas cette ouverture dans le silence.

A BAS LES CRA !

A BAS LES FRONTIÈRES !

SOUTIEN A TOUSTES LES PRISONNIERXS ! »

Journée de lutte contre les violences d’État

Journée d’action samedi 20 mars 2021 pour protester contre les violences policières, carcérales, judiciaires, pénitentiaires et islamophobes.

Dans le cadre des journées internationales contre les violences policières (15 mars), pour l’élimination des discriminations raciales (21 mars) et suite à l’appel national lancé par des familles de victimes et des blessés, le Comité Vérité et Justice 31, la Case de Santé, Grisélidis, le Jeko, Toulouse Anti Cra et Révolte Décoloniale appellent à se rassembler à Toulouse le samedi 20 mars 2021 afin de protester contre les violences policières, carcérales, judiciaires, pénitentiaires et islamophobes.

Rendez-vous à partir de 13h12 au métro Capitole.

À partir de 15h30, retrouvons-nous à la Case de Santé, place Arnaud Bernard, pour se rencontrer, discuter et envisager la suite de la mobilisation ensemble.

Vérité et justice pour toutes les victimes des violences d’État et du racisme structurel.

Arrestations de personnes sans papiers sous le nez de la Croix Rouge française du Grand Ramier à Toulouse

Depuis des années, on assiste régulièrement à des arrestations de personnes sans papier à proximité du centre social du Grand Ramier à Toulouse. C’est là que les personnes sans logement stable sont domiciliées, à la Croix Rouge française, quand elles ont besoin d’une adresse pour leur courrier administratif.

La police piège les personnes utilisant ce service et procède à des contrôles d’identité qui peuvent conduire les étranger·e·s sans papiers à une garde à vue, au centre de rétention administrative (CRA) ou à la prison.

Les contrôles coïncident avec les horaires d’ouverture du service de domiciliation de la Croix Rouge, nombreux sont les témoignages venant des personnes concernées et des collectifs solidaires qui relatent les arrestations par des policiers en civil sur l’avenue du Grand Ramier, à proximité du pont Saint-Michel, au retour de la prise de courrier (1). Les contrôles sont permis par des réquisitions récurrentes (2) du Procureur de la République qui ciblent les personnes étrangères.
En effet, les périmètres des réquisitions et les horaires incluent le centre social du Grand Ramier, les infractions recherchées sont notamment les « maintien irrégulier d’un étranger » et « l’aide au séjour ». De plus, ces réquisitions sont généralement adressées aux services de la Police aux Frontières (PAF), ce qui démontre l’intention première de ces contrôles d’identité.

Nous, collectifs de personnes concernées et de personnes solidaires, dénonçons cette politique de rafles. Nous avons alerté l’antenne locale de la Croix Rouge française afin qu’elle prenne position publiquement. L’antenne locale s’est défaussée sur la direction nationale de la Croix Rouge française, et c’est sans surprise que nous sommes resté·e·s sans réponse depuis le 17 septembre 2020. Depuis des années, la Croix Rouge est le premier témoin de ces arrestations sans jamais avoir condamné cette situation ni agi d’une façon ou d’une autre.

Ces pratiques ignobles parmi beaucoup d’autres, qui se déroulent aux portes de la Croix Rouge, sont l’expression du racisme d’État et des politiques de chasses aux étranger·e·s de plus en plus féroces, dans un contexte d’islamophobie, de négrophobie, de rromophobie… où les personnes racisées sont considérées comme de potentiels ennemis de l’intérieur.

Les persécutions ont lieu partout sur le territoire, comme à Calais avec l’interdiction de distribution de nourriture pour les associations non-mandatées par l’État ou encore à Rennes avec des arrestations ciblées autour des centres de distribution alimentaire.

Par son absence de réaction et sous couvert de ses principes de neutralité, d’humanisme et d’indépendance, la Croix Rouge se rend complice de l’arrestation des personnes étrangères.

Face à ces institutions complices, face aux politiques racistes et sécuritaires, construisons des solidarités contre les violences d’État, organisons la riposte !

Le Collectif Russell
La CREA
La Perm 31
Toulouse Anti CRA

Contact presse : ripostegrandramier@riseup.net

(1) Carte de la zone du Grand Ramier

(2) réquisition du Procureur de la République et procès-verbaux de vérification du droit de circulation ou de séjour


Contrôles avenue du Grand Ramier

Retour sur le rassemblement de samedi 19 décembre devant le CRA de Cornebarrieu Toulouse

Notre collectif Toulouse Anti CRA appelait à un rassemblement samedi 19 décembre devant le centre de rétention de Cornebarrieu, afin de manifester notre soutien aux prisonnier·e·s, d’appeler à l’abolition des CRA et de dénoncer les violences policières et le racisme d’État.

On était plusieurs dizaines à venir manifester mais à notre arrivée, on était attendu·e·s avec un dispositif complètement démesuré : la route passant devant le CRA était fermée des deux côtés 400 mètres avant l’entrée, des plots au sol empêchaient d’avancer, la circulation était déviée, 10 camions de gendarmes prêts à intervenir bloquaient tout accès. Impossible de s’approcher, on n’a donc pas pu ni manifester, ni communiquer avec les prisonnier·e·s.

Pendant ce temps, la violence s’est déployée sur les prisonnier·e·s.

Dès le matin, les flics de la PAF sont venus leur parler de la manifestation:

« Ils nous ont parlé de la manifestation, ils nous ont dit vous restez gentils sinon on trouvera quelque chose contre vous, vous restez dans les chambres.

On n’est pas d’accord, alors au secteur A, on a tous refusé le repas à midi, sauf ceux qui sont malades qui doivent prendre des médicaments. C’est l’humiliation ici tout le temps…

Des policiers sont rentrés, ils étaient 25 alors qu’on est 18 au secteur A. Ils sont rentrés avec des casques, des matraques, des lacrimos et des extincteurs. Ils sont allés dans les chambres, partout dans le secteur.

On est sortis dans la cour, on n’est pas rentrés dans les chambres, on a dit on reste dans la cour, on fait rien de mal, ils nous ont parlé de la manifestation. »

Depuis la cour du secteur A qui borde la route, il est possible d’entendre les manifestant.e.s, de faire un parloir sauvage.

« Ils ont dit c’est interdit la promenade, on a négocié et on est restés dans la cour. J’ai parlé avec un chef, je lui ai dit, « tu n’as pas le droit de nous dire de rentrer dans les chambres, si vous voyez un problème vous pouvez nous dire de rentrer mais là on n’a rien fait, on connait la législation, ça se fait pas de venir nous voir avec la lacrimo. »

« Les gens ici n’ont rien, ils ont pas le moral, ils faut venir les voir aux parloirs, faites quelque chose pour eux, ils sont pas bien, y’a pas de respect, on mange pas bien, on peut pas étudier, y’a pas de téléphone, pas de sport, pas de jeux, rien, venez ici et vous verrez c’est quoi le racisme. »

Lors des rassemblements précédents en septembre et en octobre, où le collectif était présent avec de nombreuses associations, on avait réussi à se rassembler devant le CRA, à faire des parloirs sauvages, à exprimer notre soutien aux prisonnier·e·s. Cette fois, rien de tout ça n’était possible.

Ce dispositif, à l’extérieur comme à l’intérieur, cherche à intimider et mater les prisonnier·e·s un peu plus, pour les décourager de lutter. Il a aussi pour but de décourager les militant·e·s qui dénoncent les violences policières et le racisme d’État, et qui relaient la parole des personnes enfermées.

À l’intérieur du CRA, dispositif exceptionnel ou pas, le système est rodé, tou·te·s les prisonnier·e·s le rapportent, les humiliations sont quotidiennes, les flics provoquent et si les personnes se rebiffent elles peuvent se faire tabasser et se retrouver au mitard plusieurs jours, voire partir en garde à vue puis en prison.

Tous ces témoignages, qui relatent la maltraitance et le racisme institutionnels, sont sur ce blog.

Ces intimidations ne nous empêcherons pas de continuer à lutter, à nous organiser, à témoigner notre solidarité aux prisonnier·e·s par tous les moyens ! Contre les CRA et les prisons ! À bas les frontières !

Rassemblement samedi 19 décembre à 14h devant le CRA de Cornebarrieu Toulouse

POUR L’ABOLITION DES PRISONS POUR ÉTRANGER.E.S !

Le 18 décembre, pour la Journée internationale des migrantEs, nous rejoignons les collectifs de sans-papiers et tous leurs soutiens pour un acte 4 : continuer la lutte pour la régularisation de toutEs les sans-papiers, la fermeture des centres de rétention administrative (CRA) et le logement pour toutEs.

Les images du démantèlement du camp à Saint-Denis et de la répression policière lors de la manifestation des exiléEs place de la République à Paris donnent à voir comment l’État traite les personnes vulnérables, sans abri. Mais loin des caméras, la répression est le quotidien des exiléEs, notamment à Calais.

Cette violence policière et ce racisme d’État s’exercent sur les sans-papiers partout, tout le temps : dans les rues, les camps, les squats, et dans les CRA. Les CRA sont des prisons pour étrangerEs, où les personnes y sont humiliées, déshumanisées et violentées par l’État.

Cette violence policière et ce racisme d’État s’exercent depuis des décennies sur les populations précaires et racisées. Appliquant une doctrine coloniale du maintien de l’ordre dans les quartiers populaires, la police harcèle, insulte, humilie, frappe, mutile et tue.

Il s’agit ainsi de soumettre les populations : de les invisibiliser, de les maintenir à la marge et dans la précarité, de permettre leur exploitation. Les CRA ont une fonction comparable, ils ne servent pas qu’à expulser et punir les sans-papiers, mais aussi à les faire vivre sous la menace permanente de l’enfermement et de l’expulsion, afin de les maintenir corvéables et invisibles, d’en faire une main d’œuvre délocalisée à l’intérieur du territoire.

La fuite en avant autoritaire et fascisante de l’État s’accentue avec la loi de « sécurité globale », tandis que la « loi confortant les principes républicains » (ex-loi contre le « séparatisme ») affiche une islamophobie d’État totalement décomplexée. Ces lois alimentent l’imaginaire d’un ennemi de l’intérieur qui est à contrôler, enfermer, expulser, à la suite des lois sécuritaires et racistes qui ont précédé et se sont empilées au fil des ans.

Sous le prétexte d’une « lutte anti-terroriste », l’État s’attaque depuis des années à toutes les personnes musulmanes ou supposées telles. Avec la décision récente de dissoudre le CCIF sur la base d’accusations fallacieuses, il cherche aussi à désarmer les luttes contre l’islamophobie, la résistance et l’auto-organisation de celles et ceux qui subissent le racisme d’État.

Contre cet État raciste, contre sa police, nous opposons une auto-organisation émancipatrice, décoloniale, anti-impérialiste et antiraciste, nous nous joignons aux collectifs de personnes concernées qui organisent la défense et la riposte.

Nous soutenons les luttes que les personnes enfermées mènent à l’intérieur des CRA, elles exigent leur libération et la fermeture de tous les CRA en France.

En solidarité avec les personnes sans-papiers emprisonnées au CRA, venez le samedi 19 décembre à 14h ! Notre collectif organise un covoiturage, n’hésitez pas à nous contacter au 07 51 37 96 57.

Papiers pour toutEs ou pour personne, ni prison, ni CRA, ni expulsion. À bas le racisme d’État ! À bas les frontières !

 

Pour un féminisme décolonial, anti-impérialiste, antiraciste et anticarcéral

Appel à participer à la riposte féministe le 25 novembre 18h au Capitole

Notre collectif milite pour l’abolition des prisons pour étranger·e·s appelées centres de rétention administrative, CRA.
Nous sommes solidaires des personnes sans papiers et des prisonnier·e·s, nous soutenons leurs luttes.
Notre lutte s’inscrit dans une démarche décoloniale, anti-impérialiste, antiraciste et anticarcérale.
Ce texte a été écrit en non mixité femmes.

Depuis des mois, nous recueillons la parole des personnes qui sont enfermées au prétexte qu’elles n’ont pas les bons papiers. Un enfermement qui peut aller jusqu’à 3 mois. Des dizaines de témoignages nous rapportent les conditions atroces d’enfermement notamment celles des femmes qui subissent le sexisme et le racisme de la police aux frontières (PAF) qui gère ces prisons. Elles sont insultées, humiliées, harcelées. Des refus de soin sont régulièrement rapportés par les prisonnières.

Au CRA de Toulouse les femmes se sont mises en grève de la faim le 30 octobre pour demander leur libération et dénoncer les conditions d’enfermement. L’une d’elles était enceinte de 5 mois, elle avait des douleurs, elle perdait du sang et a dû attendre plus de 24h avant que le médecin n’accepte de l’hospitaliser. Elle n’est pas libérée pour autant et elle est ramenée au CRA. (1)

Au CRA du Mesnil-Amelot en région parisienne aussi, les prisonnières dénoncent les multiples insultes et harcèlements par les flics. Alors que l’une d’elles est tombée malade suite à une infection causée par le rationnement des serviettes hygiéniques, les prisonnières ont dû lutter pour faire intervenir les pompiers, les flics ne voulant pas les appeler. Elles ont été traitées de « putes » et ont été forcées à chanter « joyeux anniversaire » au chef du centre sous peine de ne pas manger. Leurs témoignages dénoncent aussi la nourriture périmée qui leur est donnée et le froid dans lequel elles vivent. (2)

Nous dénonçons ces maltraitances et toutes les oppressions subies par les femmes et les minorités de genre, c’est à dire le patriarcat mais aussi le racisme d’État, l’islamophobie, les violences policières. Nous dénonçons également la militarisation accélérée de la société et l’enfermement massif des personnes issues des classes populaires et des personnes racisées. Les effets de cet enfermement sur les femmes sont invisibilisés.

Nous revendiquons un féminisme décolonial qui combat le racisme, le capitalisme et l’impérialisme, il est l’héritier des luttes des femmes du sud global. Nous nous opposons au féminisme universaliste qui accapare les débats politico-médiatiques et contribue à la perpétuation d’une domination de classe, de genre et de race.

Nous condamnons l’hypocrisie de l’État qui instrumentalise le féminisme pour mettre en place des lois racistes. Il récupère des revendications féministes pour pénaliser, enfermer et expulser davantage. Ce fémonationalisme est inacceptable. Le renforcement de la double peine pour les étrangers s’aligne sur le projet de l’extrême droite.

l’État précarise et violente les femmes même s’il se targue de les défendre. Il est fondé sur le capitalisme, le racisme et le patriarcat. Les femmes sans-papiers et les femmes racisées sont exploitées et discriminées. Elles occupent des postes parmi les plus dévalorisés de la société alors même qu’ils sont indispensables à son fonctionnement.
L’État refuse de régulariser les femmes sans papiers afin de les maintenir dans la précarité et de les garder corvéables, avec la menace constante d’être expulsées.

Cette violence s’exerce aussi quand l’État stigmatise les femmes musulmanes et les enjoint à se dévoiler, faisant écho aux pratiques coloniales et aux séances de dévoilement organisées en Algérie par l’armée française.
Nous gardons en mémoire comment, pendant la colonisation, la France a organisé la prostitution, la pornographie et le viol comme arme de domination et de guerre dans ses colonies ou encore comment elle a fait avorter et stériliser des milliers de femmes non blanches en Outre-mer pour appliquer sa politique antinataliste.​​​​​​​

L’État et ses prisons ne nous sauveront pas du patriarcat. Notre combat antipatriarcal et antiraciste ne pourra se faire qu’en toute indépendance de l’État et de ses institutions.

A bas les frontières, la police, les CRA et les prisons !

(1) https://toulouseanticra.noblogs.org/greve-de-la-faim-au-centre-de-retention-de-toulouse-dans-plusieurs-secteurs-suite-a-lannonce-du-confinement/
(2) https://abaslescra.noblogs.org/tu-chantes-pas-tu-manges-pas-temoignage-des-prisonnieres-du-cra-du-mesnil-amelot/