« Ici je pense tous les jours où je vais mettre un drap pour me pendre »

Le témoignage de B. illustre les violences médicales et psychologiques ainsi que le déni de soin que subissent quotidiennement les personnes enfermées dans les centres de rétention. Ce n’est pas le premier témoignage de refus de soin et de maintien d’une personne enceinte en rétention à Toulouse, lire ici le récit de V enfermée malgré l’incompatibilité de son état avec l’enfermement. Il s’ajoute à une longue liste de témoignages de détresses psychologiques, d’usage de psychotropes distribués par le médecin du centre pour assommer les personnes ou d’absence de soins dans des cas de blessures graves.  Les tentatives de suicide sont nombreuses. Ici le récit concernant une personne qui s’est suicidée à  Bordeaux suite à l’absorption  d’anxiolytiques et de somnifères distribués par le médecin.

B. mentionne aussi son interdiction de territoire français (ITF) à vie et son enfermement en CRA alors qu’elle n’est pas expulsable. Cela répond à la même logique selon laquelle les Algérien·nes continuent d’être enfermé·es  en ce moment alors que l’Algérie ne délivre explicitement aucun laisser-passer. Le CRA n’est pas qu’un rouage de la logique de déportation des étranger·es, mais c’est aussi un outil de répression envers celleux qui ne peuvent pas être expulsée·es. Il s’agit de les obliger à s’invisibiliser, à se soumettre aux conditions de travail les plus pourries, voire à partir sans faire de bruit lorsque les patrons refusent de payer les personnes embauchées au black.

Mais partout les prisonnier·es se mutinent et résistent malgré tout ! Récemment, il y a eu des évasions (à Sète et à Oissel), des grèves de la faim à Holsbeek en Belgique, de la résistance collective à Toulouse… Partout dans le monde, à bas les frontières, feu aux CRA et crève la taule !

« Je suis Rrom avec une carte « gens du voyage », je suis en France depuis que je suis petite, depuis que j’ai 4 ans, ils veulent m’expulser en Bosnie mais je ne connais personne là-bas. Le seul pays que je connais c’est la France. Je suis sortie de prison de Marseille, ils m’ont mise ici, c’était ma phobie de venir ici, c’est pire que la prison.

On devient fous ici, quand on sort d’ici on peut exploser dehors et faire n’importe quoi tellement ça rend fou ici. Ils m’ont mis une interdiction à vie (Interdiction de Territoire Français – ITF). Pourquoi à vie ? Même les gens qui tuent on leur donne pas une interdiction à vie. Ils m’enferment ici pour me punir en plus de la prison. Il restait 3 mois en prison que j’ai pas fait, ils veulent me les faire payer ici. Ils m’ont enlevé mes enfants, y’en a un en foyer et 2 dans des familles d’accueil, je ne peux même pas leur parler. C’est compliqué, je ne sais pas comment faire, je n’ai pas eu d’aides pour tout ça.

Je suis ici depuis presque un mois, il y a une fille de 21 ans, elle ne parle pas français, elle est enceinte de 5 mois, elle est malade, elle vomit, elle saigne, je peux pas la laisser comme ça, ça me fait de la peine. J’ai appelé la sage-femme de l’hopital pour qu’elle appelle le médecin du CRA. Je ne sais pas ce qu’il a fait.
Ils l’ont emmené à l’hopital parce qu’elle avait un RDV d’avant, ils ont dit qu’elle a le diabète, ils l’ont ramenée au centre, ils vont l’expulser le 12 avil. C’est pas possible de laisser une femme enceinte dans ce centre.
C’est invivable ici, j’ai demandé de voir un psychologue, je me sens pas bien, il va pas venir, je sais pas pourquoi, ils font n’importe quoi avec les gens.

J’ai peur la nuit ici, il y a du bruit. Ils veulent que les gens se suicident, depuis que je suis ici j’ai des idées noires tous les jours, ils vont me rendre folle. J’ai passé 24 mois en prison, j’avais des idées noires quand je pensais à mes enfants, à ma mère mais ici c’est tous les jours les idées noires, je pense tous les jours où je vais mettre un drap pour me pendre. »

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi 18 mars contre les violences d’Etat, le racisme sytémique et les frontières

Beaucoup de monde mobilisé ce jour à Toulouse, contre les violences d’Etat, le racisme systémique, les frontières et notamment contre le projet de loi Darmanin anti-immigration

L’organisation a été portée par des collectifs féministes, anticolonialistes, antifascistes, antiracistes, des réseaux de soutien aux personnes sans-papiers, des collectifs en lutte contre les violences et crimes d’État et contre les frontières.

 

Prise de parole du collectif Toulouse Anti CRA :

Il y a les violences d’État que subissent les personnes étrangères. Elles sont traquées partout : aux frontières, au travail, dans la rue. Elles doivent quotidiennement se confronter à la police et aux politiques racistes mises en place depuis des années contre les immigrées. Ces violences d’État sont héritées des pratiques coloniales et du code de l’indigénat : la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations.

Les personnes sans papiers peuvent être arrêtés et se retrouver en centres de rétention administrative, les CRA. Le CRA de Toulouse Cornebarrieu est situé au bord des pistes de l’aéroport et 126 personnes peuvent y être enfermées. Dans ces prisons pour étrangers et étrangères, les personnes sont enfermées jusqu’à 3 mois en vue d’être expulsées. Mais toutes les personnes ne sont pas expulsables, et l’enfermement poursuit aussi un autre objectif qui est de punir et soumettre une partie de la population, de mater les personnes afin qu’elles s’invisibilisent et qu’elles ne se rebellent pas face aux patrons qui les exploitent.

Il y a près de 50 000 personnes enfermées par an sur l’ensemble du territoire, dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial et lointain où la violence d’État se déchaîne.

À l’intérieur des CRA, les personnes ont faim, elles subissent quotidiennement des provocations, des humiliations, des insultes racistes, des refus de soin, et des violences policières. Des personnes se suicident, les CRA tuent. En septembre 2018, Karim, 31 ans, s’est pendu dans sa chambre au CRA de Toulouse suite à la prolongation de son enfermement par le juge.

Les prisonnières et prisonniers des CRA luttent quotidiennement contre l’enfermement et contre l’expulsion, que ce soit par des évasions, des incendies, des grèves de la faim et des refus de vol. Les personnes qui se rebellent et luttent sont régulièrement envoyés à la maison d’arrêt de Seysses après un passage au commissariat. Les allers-retours entre CRA et prison sont en augmentation. À Toulouse, de nombreuses personnes se retrouvent en circuit fermé entre le CRA et Seysses.

Depuis plusieurs années, l’État renforce la double peine, où il s’agit d’expulser un maximum de personnes qui ont été condamné à de la prison. Les personnes étrangères, plus contrôlées, plus judiciarisées et condamnées à des peines plus sévères représentent 25% des prisonnières et prisonniers. Cette justice de classe et de race qui enferme les pauvres, les personnes racisées et les personnes étrangères s’appuie sur un arsenal juridique de plus en plus répressif et une augmentation des lieux d’enfermement.

L’État est en train de construire de nouveaux CRA partout sur le territoire, en 2027 le nombre de places aura triplé en 10 ans. Il construit aussi partout de nouvelles prisons, avec 15 000 nouvelles places d’ici 2027. Il y a à Toulouse le projet d’une nouvelle maison d’arrêt, à Muret, en plus de celle de Seysses.

Ces violences d’État s’exercent aussi aux frontières. La France et l’Europe sont responsables de milliers de morts chaque année en Méditerranée, dans la manche, au large de Mayotte. C’est l’occasion d’un business juteux pour les multinationales du militaire et du sécuritaire. L’Europe renforce en ce moment ses dispositifs anti-migratoires.

En France, le projet de loi raciste de Darmanin sur l’immigration est discuté au parlement. L’objectif est de durcir la condition des immigré·es, de renforcer l’exploitation des travailleurs et travailleuses avec des titres de séjour précaires. Cette loi permettra de réprimer et de criminaliser davantage celles et ceux qui ne seront plus utiles aux patrons, qui ne se soumettront pas aux « valeurs de la République » ou qui représenteront une « menace à l’ordre public » selon les préfectures. Au final, cette loi permettra d’enfermer davantage en CRA et d’expulser encore plus facilement. Mais Il s’agit de la 30e loi anti-immigration en 40 ans et ce n’est pas seulement contre elle mais contre toute la politique migratoire de l’État qu’il faut lutter.

Solidarité avec toutes les personnes immigrées ! Solidarités avec les prisonniers et prisonnières en lutte dans toutes les prisons !

Rassemblement devant le CRA de Toulouse

Dans le cadre des mobilisations nationales contre la loi raciste de Darmanin, qui prévoit d’exploiter d’avantage les travailleur·euses sans papiers, d’enfermer et d’expulser plus les étranger·es, des manifestations contre les CRA se sont déroulées dans plusieurs villes, le week-end du 18 février : Lyon, Paris, Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg.

A Toulouse, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant le CRA de Cornebarrieu pour faire entendre leur solidarité avec les personnes qui y sont enfermées et qui subissent le racisme et les violences d’État. Elles ont passé de la musique et échangé par dessus les murs avec les prisonniers de plusieurs secteurs avant l’arrivée des gendarmes.

A l’intérieur, quand les prisonniers sont sortis dans les cours de promenade pour crier avec les manifestant·es et danser sur la musique, les flics sont ensuite venus équipés de matraques et de gaz pour les empêcher de communiquer avec l’extérieur et les faire entrer dans le bâtiment.

Solidarité avec les prisonnier·es en lutte !
Solidarité avec toustes les immigré·es !
A bas les CRA et les frontières !

Si je meurs devant eux, ils s’en foutent

Les flics répriment violemment les prisonniers au CRA de Toulouse

Les prisonniers et prisonnières du CRA de Toulouse se révoltent régulièrement contre la condition qui leur est faite, mais leurs résistances comme la répression qu’ils subissent sont invisibilisées. Récemment, tous les prisonniers d’un bâtiment ont foutu le bordel pour exiger la prise en charge à l’hôpital de l’un des leurs, sans succès. Quelques jours auparavant, suite à un refus collectif de plateau dans un des secteurs du CRA de Toulouse, des prisonniers ont été désignés comme meneurs par les flics puis placés au mitard et frappés. Les policiers ont ensuite porté plainte contre l’un deux, heureusement sans suite pour cette fois. Mais les violences physiques et psychologiques des flics de la PAF sont quotidiennes, et les placements au mitard ou en taule fréquents.

On était à la cantine, au diner. On a dit aux policiers : « on mange pas, c’est de la mauvaise nourriture. On a faim. Pourquoi on ne peut pas prendre du pain et des yaourts dans les chambres pour manger la nuit quand on a faim ? Y’a qu’ici que c’est comme ça, c’est bizarre. » On a tous crié pour dire qu’on était pas bien et un policier m’a demandé à moi : « pourquoi tu parles toi, à cause de toi, tout le monde crie. » Et alors ils nous ont mis à quatre au mitard. Ils ont tapé deux collègues. Y’en a un qui a eu des traces sur le corps. Ils lui ont mis des coups de poings et des coups de pieds à la tête dans le couloir.

Même si on mange pas, ou si on fait la grève de la faim, ils s’en battent les couilles. Ils savent qu’on a pas de papiers, donc on compte pas. Si je meurs devant eux, ils s’en foutent. Le centre de Toulouse c’est le pire. On a des boutons, on se gratte, on leur a dit. Normalement si quelqu’un a des boutons, tu le laisses pas avec les autres, n’importe qui peut attrapper ça après. J’ai dit au policier qu’ils avaient pas le droit de laisser les gens avec les boutons et qui se grattent. Lui il m’a répondu que non, c’est rien. Ils savent qu’on peut rien faire. Ils savent qu’à la fin c’est eux qui gagnent.

Les copains ils ont pas porté plainte. Moi ils m’ont mis au mitard et ensuite en garde à vue. Les policiers ont porté plainte contre moi, comme quoi j’ai insulté les policiers et comme quoi j’ai dit aux autres on fait ça et ça, genre c’est moi le responsable. L’avocate leur a dit que c’était pas normal de me mettre au mitard et en garde à vue. Et le procureur a dû me laisser repartir, j’ai rien eu.

Les policiers dans leur tête ils vont m’envoyer en prison. Comme un collègue, il a rien fait, il a juste parlé, il a pris 6 mois ! J’étais choqué, il a rien fait ! Le pauvre il s’est embrouillé avec une policière qui travaille là. Lui genre il a pas parlé avec elle au début. Il parlait avec nous et il a dit genre un gros mot. Elle est venue et, comment dire, ici ils provoquent les gens pour que tu parles et tout. Elle l’a insulté, des insultes de fou. Elle a fait un dossier et les autres policiers sont venus avec elle. Elle a pris le visage de notre collègue dans ses mains
avec ses ongles, elle l’a griffé sur son visage. Après ils l’ont emmené au mitard. Ensuite il nous a appelé sur la cabine pour nous dire qu’ils lui avaient mis 6 mois de prison.

Ici tu parles avec les policiers et ça y est, ils veulent t’envoyer en prison. Tu peux rien faire, rien dire, ils disent « ici c’est moi qui décide ». On a pas de droits.

 

Mobilisons-nous contre le projet de loi Darmanin, une nouvelle loi raciste pour expulser davantage les immigré·es !

Les lois migratoires répressives se suivent et s’empilent, c’est la 30ème loi en 40 ans, son projet est de renforcer l’exploitation, la soumission et la répression des étranger·es.

Cette loi vient alimenter le Code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile, le CESEDA, code d’exception, raciste et sexiste, hérité de l’idéologie coloniale et des codes d’exception, comme le Code de l’Indigénat, qui organisait le contrôle des « indigènes » dans les colonies avec entre autres la limitation de circulation, l’enfermement administratif et la déportation.

Comme d’habitude, le gouvernement se revendique d’un équilibre humaniste. En réalité, cet équilibre signifie renforcer l’exploitation des travailleur·euses immigré·es pour donner des gages aux patrons d’une part, et de l’autre réprimer et criminaliser davantage celles et ceux qui ne rentrent pas dans les bonnes cases, pour contenter l’extrême droite. Les nouveaux titres de travail encore plus précaires que les précédents vont de pair avec l’augmentation du nombre de place en centres de rétention administrative (CRA). Le renforcement de la répression accentue la pression sur les personnes sans papier, contraintes d’être exploitées sous peine d’être arrêtées, enfermées et expulsées.

Pour favoriser l’exploitation des personnes sans papier, le gouvernement annonce la création d’une carte de séjour temporaire « métiers en tension », les personnes déjà employées dans ces métiers depuis plusieurs mois pourront être régularisées automatiquement et pour une durée d’un an. Mais ce titre implique non seulement de conserver le même emploi, mais peut aussi ne plus être renouvelé si le métier en question sort de la liste « en tension ». Et les personnes seront alors susceptibles d’être expulsées. Il s’agit donc d’organiser le contrôle d’étranger·es corvéables puis expulsables, asservis aux besoins en main-d’œuvre du patronat.

Cette réforme fait partie de la guerre aux pauvres que le gouvernement mène depuis des mois – réforme du chômage, loi anti-squat, réforme des retraites … et maintenant loi anti-migrant. Les métiers « en tension » sont en effet sans surprise les secteurs qui peinent à recruter car les conditions de travail et les salaires y sont pourris. Ce sont donc des emplois en bas de l’échelle sociale, non qualifiés, et qui ne donnent accès qu’à des titres de séjour précaires.
Dans le même temps, des personnes qualifiées peuvent obtenir des titres de séjour pluriannuels sous certaines conditions, mais dans les deux cas, on est bien dans un système impérialiste de pillage de la main d’oeuvre de pays plus pauvres, en fonction des besoins du moment.

Dans le domaine du soin, l’intention est de pallier au délabrement du système de santé mais sans avoir à répondre aux revendications des personnels mobilisés depuis trois ans ou au malaise dans les hôpitaux. La loi prévoit une carte de séjour pluriannuelle spécifique aux professionnels de santé, mais qui les maintient comme aujourd’hui dans la précarité : sans reconnaissance des diplômes, pour des salaires moindres et à des postes spécifiques, mobiles sur tout le territoire.
La France profitera cette fois encore d’une main d’œuvre qualifiée, bon marché, formée aux frais des pays d’origine, essentiellement d’Afrique subsaharienne et du Maghreb qui manquent déjà de médecins.

Dans un contexte où les arguments de l’extrême droite sont tranquillement repris par le gouvernement, l’obsession assimilationniste s’intensifie et de nouveaux obstacles à la régularisation apparaissent : il ne faudra plus simplement suivre des cours de français mais justifier de sa maîtrise.
D’autre part, la loi prévoit d’imposer à celles et ceux qui obtiennent un titre de séjour de « respecter les principes de la République et de rendre possible le refus, le retrait, ou le non-renouvellement de certains titres de séjour pour des nouveaux motifs liés à son comportement ». Ce fourre-tout sans contours des principes accroît encore le pouvoir discrétionnaire de la préfecture.
Mais derrière ces formulations vagues, ce sont avant tout les musulman·es qui sont encore ciblé·es par ce projet, cette loi est un pas de plus dans la mise en œuvre d’une islamophobie d’État.

Pour celles et ceux qui ne pourraient bénéficier des nouveaux titres de séjour liés au travail, la répression s’accentue et le gouvernement entend enfermer et expulser davantage les personnes sans papier en faisant sauter les quelques freins légaux existants.
Et il commence par s’attaquer aux quelques catégories protégées par la loi : parent d’enfant français, résident de plus de vingt ans, etc.
Désormais, les préfectures pourront passer outre en invoquant la « menace grave pour l’ordre public, la sécurité publique ou la sûreté de l’État », encore des notions suffisamment vagues pour laisser libre cours à l’interprétation.
De plus, cette « menace » permettra également de retirer ou de ne pas renouveller un titre de séjour. Dans le même temps, le nombre de recours pour contester son expulsion sera divisé par trois.

Toujours pour satisfaire l’extrême droite, Darmanin a annoncé partout qu’il remettait en place la double peine (les personnes étrangères sont doublement sanctionnées puisqu’en plus de la peine d’emprisonnement, elles sont expulsées).
Celle-ci n’a en réalité jamais disparu et depuis plusieurs années déjà, l’Etat accentue la pression sur les personnes étrangères emprisonnées pour augmenter leur enfermement au CRA et leur expulsion.
Plus largement, il criminalise les personnes sans papiers visées par une mesure d’expulsion, en projetant de les inscrire systématiquement dans le fichier de police des personnes recherchées.

Dans le même temps, pour pouvoir enfermer toujours plus d’étranger.es, le parlement vient de voter le passage à 3000 places en CRA d’ici 2027, soit un triplement par rapport à 2017. Pour rappel, ce sont près de 50 000 personnes par an qui sont enfermées en France dans ces prisons pour étranger.es.

Des mobilisations contre la loi Darmanin et contre les frontières s’organisent en février et mars sur tout le territoire.
A Toulouse, une date est déjà fixée pour une manifestation le 18 mars, journée nationale de lutte contre les violences d’État. Infos à venir.

Soutien à tous·tes les immigré.es !
Pour en finir avec les frontières et leurs prisons !

Rassemblement devant le CRA de Toulouse ce 18 décembre en solidarité avec les personnes enfermées, contre les frontières et les prisons

Ce dimanche, une vingtaine de personnes se sont rassemblées devant le centre de rétention de Toulouse-Cornebarrieu, à côté de l’aéroport, à l’occasion de la mobilisation nationale pour les droits des personnes sans papier et contre les politiques migratoires répressives de l’État français.
On voulait faire entendre notre solidarité avec les personnes qui y sont enfermées et qui subissent le racisme et les violences d’État et des flics qui les gardent. Encore la semaine dernière, des prisonniers du CRA ont dénoncé une énième fois l’agression de l’un d’eux par les agents de la PAF.

Et pendant ce temps, le ministre de l’intérieur Darmanin prépare une nouvelle loi anti-migrant·es qui prévoit encore plus de contrôles, d’enfermements et d’expulsions.

On a crié des slogans et passé de la musique. On a pu entendre les prisonniers crier en réponse à l’intérieur. Dans au moins un des secteurs, les personnes sont sorties dans la cour pour crier en réponse. Par téléphone, d’autres expliquaient que les flics essayaient de les faire rentrer dans les bâtiments pour ne pas qu’ils puissent nous entendre, ou les empêchaient de sortir dans les cours de promenade. Pendant ce temps, une dizaine de keufs à moitié équipés se rassemblaient à l’entrée du CRA pour nous surveiller. On est finalement reparti.es sans se faire inquiéter, et content.es d’avoir pu échanger par dessus les barbelés avec les prisonnier.es.

Continuons à manifester notre solidarité, multiplions les actions devant les CRA et les prisons ! À bas l’État, les flics et les frontières !
Ni prison, ni expulsion !

« il a sauté de 10 mètres pour s’évader du tribunal de Montpellier »

Vous relayons le témoignage d’un prisonnier du centre de rétention (CRA) de Sète. Il raconte les violences notamment psychologiques des policiers. Nous tenons à rappeler que ces comportements et ces pratiques nuisibles et dégradantes ne sont pas le fait de quelques individus dangereux mais qu’ils sont quotidiens, systémiques dans toutes les prisons pour sans papiers et les autres ainsi que dans la police. Mais comme toujours, cela se passe en toute impunité et dans le silence.
Pour soutenir les prisonniers du CRA de Sète, il est possible des les appeler sur les cabines téléphoniques : 04 67 53 61 60 et 04 67 53 61 41
Il est également possible de leur rendre visite tous les jours entre 9h30 – 11h30 et 14h – 17h.

Les CRA sont une prison ou l’on déshumanise d’autant plus les personnes qu’elles sont étrangères, ne les laissons pas isolées, soutenons-les  !

« Je voudrais témoigner, je suis au CRA de Sète depuis un mois et demi, en essayant d’être le plus neutre possible car pour moi c’est un départ volontaire vers le Maghreb.
Mon ressenti ici pour un individu qui a grandi en France, depuis l’âge de 4 ans, c’est choquant car on est à moitié en prison et à moitié en psychiatrie. C’est le même système que la psychiatrie mais en pire, on n’a même pas le droit d’avoir un stylo dans la chambre, tout est fixé, tout est scellé sur les murs, sur le sol. J’ai vu des choses que je pensais pas voir en France dans les pires endroits.

Il y a encore la trace de draps pendus sur les plafonds. Une personne venait de se pendre quelques jours avant que j’arrive. Je n’ai jamais compris comment ils ont pu le laisser se pendre avec toutes les caméras de surveillance qu’il y a ici. Heureusement que les draps ont craqué.
Si c’était une évasion, ils auraient été plus rapides. Un tunisien a refusé le deuxième test PCR, il s’est fait taser car il a commencé à avaler des lames pour se suicider, il est tombé sur la tête, le crâne explosé, du sang partout et ils nous ont demandé à nous de nettoyer son sang quand-même ! J’ai trouvé la réaction des officiers vraiment impitoyable, bref.

Il y a eu aussi la personne qui a sauté du tribunal de Montpellier, il y a 3 semaines. C’était choquant car c’est quelqu’un que j’ai côtoyé. le jour de son JLD, j’entend qu’il a sauté de 10 mètres pour s’évader du tribunal de Montpellier. Ils en ont parlé dans les médias. Ils ont rajouté des barreaux au tribunal, j’entends les échos des officiers ici. .. Je crois qu’il a été libéré.
La réaction du policier m’a choqué, il a dit « les racailles s’en sortent toujours bien, il a un tassement des vertèbres ». Quand il a dit ça, ça m’a blessé. Il y a des policiers gentils, car ils voient bien que le seul tort des personnes ici c’est de ne pas avoir de papiers. Ils voient bien que les gens n’ont plus rien à perdre, et le soir ils sont seuls avec eux ici, les flics ils se disent il vaut mieux que je sois bien avec eux. Il y a des flics qui se forcent à être gentils parce qu’ils savent qu’ils peuvent pas gagner face à quelqu’un qui est prêt à mourir.

C’est quelque chose de choquant, il faut qu’ils se fassent du mal pour qu’ils sortent. J’entends les gens, ils se souhaitent du mal pour sortir d’ici. Je vois des jeunes qui se taillent les veines, qui prennent pour la première fois des cachetons, je suis dans un autre monde pourtant quand je regarde par la fenêtre, je suis toujours en France.

Je suis arrivé en France à l’âge de 4 ans et on m’a pas renouvelé mes papiers quand j’étais en prison, ça arrive à beaucoup de personnes qui ont grandi ici. En prison, il joue avec « la menace à l’ordre public ».

Quand les personnes n’ont personne ici ou ne connaissent rien au droit, on les bloque à la préfecture tout en leur disant on va vous faire un suivi, on va préparer votre sortie de prison mais vous ne pouvez pas avoir de suivi si vous n’avez pas de papiers, c’est incompréhensible. À Béziers Il n’y a que la Cimade qui est là une après-midi par semaine qui peut vous aider à faire vos papiers. Elle vous dit c’est bloqué au niveau de la préfecture mais vous avez un suivi et si vous ratez votre suivi, vous retournez en prison.

Au moment de sortir de prison, on vient de partout, on vous donne des documents et on vous dit vous allez être expulsé, vous ne comprenez rien. 3 personnes de la PAF viennent vous voir et vous disent Monsieur, on va vous mettre dans un centre de rétention.
On me ramène à Sète, pourquoi je suis là. J’ai lu la loi, une personne qui est en France avant l’âge de 13 ans qui a fait sa scolarité jusqu’à 18 ans est inexpulsable sauf pour « menace à l’ordre public » et pour polygamie ou des trucs comme ça.
Et quand je suis arrivé ici, je me suis rendu compte que c’est la préfecture qui décide qui est une « menace à l’ordre public ».

Ils jouent sur le moral des gens ici, ça les arrange pas quand ça se passe trop bien. Les plus âgés, on essaie de mettre une bonne ambiance, de régler les conflits et ça ils aiment pas. Ils veulent créer des divisons entre algériens, marocains etc,. On est entre nous, y’a pas d’algériens ou de marocains. On rigole entre nous. Ils aiment pas. Ici ils veulent que tu ne sois pas bien pour que de toi-même tu as envie de partir et ça a marché. Il y a beaucoup de personnes qui voient les suicides et tout ce qu’il ce passe veulent repartir, quitte à revenir. »

 

« ils m’ont attaché les pieds, les cuisses, ils m’ont menotté derrière le dos, ils m’ont mis un casque sur la tête et ils m’ont emmené jusqu’à l’aéroport »

Témoignage de T le 12 mai 2022 :

« Je suis au lycée, j’ai 18 ans, je suis en première à Pamiers. Ils m’ont arrêté le 3 mai par l’assignation à résidence, je signais au commissariat et le dernier jour, ils m’ont arrêté. Sur place ils m’ont embarqué. J’ai toute ma famille ici, ma mère, ma soeur, mon frère, mes oncles et je me retrouve quand même au centre. »

Le 27 mai, la PAF l’emmène pour l’expulser :

« Ce qu’ils ont fait, ça va rester dans ma tête à vie…
Ils sont venus me chercher à 3 heures du matin. Ils m’ont dit, tu as 10 minutes pour te lever sinon on va te lever de force et t’emmener de force. J’ai dis « ok », je me suis habillé et je leur ai dit « ça vous sert à quoi de m’emmener si je n’ai pas de famille au Gabon, j’ai personne au Gabon pour m’accueillir, je serai un clochard là-bas ? ». Ils m’ont dit « c’est pas notre problème ».
Après ça, ils m’ont emmené à l’accueil, ils m’ont fouillé, ils m’ont tout fait. Après ça, ils m’ont attaché les pieds, les cuisses, ils m’ont menotté derrière le dos, ils m’ont mis un casque sur la tête et ils m’ont emmené jusqu’à l’aéroport et jusqu’à l’aéroport je continuais de me débattre, je me disais j’ai pas envie de partir, même si je vais en prison, toute ma famille est ici, c’est le plus important pour moi.

Après ça, ils m’ont emmené avec brutalité dans l’avion, ils ont commencé à me mettre des chaussettes dans la bouche pour m’empêcher de crier, je disais, « lâchez-moi, j’ai personne au Gabon, j’ai rien, toute ma famille est en France ». Ils ont commencé à m’étouffer, à m’étrangler. Ils ont tout fait pour ne pas que je crie. Du coup il y avait une autre personne à côté de moi, qu’ils ont embarqué aussi, elle a commencé à crier avec moi, ils ont commencé à l’étrangler, à l’étouffer aussi, pour ne pas qu’on crie en fait.

Après ça l’hôtesse de l’air a décidé qu’on n’embarque pas. Les passagers dans l’avion étaient terrifiés, c’est eux qui ont dit à l’hôtesse de l’air de dire au pilote de ne pas nous embarquer. L’autre personne qu’ils voulaient expulser est dans ce centre aussi, comme moi. C’était un vol pour Paris. Ensuite de Paris j’avais un vol pour le Gabon. Ils m’ont ramené au CRA, à quoi ça me sert puisque j’ai pris 3 mois de prison avec sursis et 5 ans de mise à l’épreuve. Quand on est descendus de l’avion, ils m’ont emmené en garde à vue à au commissariat de l’aéroport pendant 4 ou 5 heures et ensuite directement à l’audience, au tribunal.

J’ai expliqué pourquoi j’ai pas pris l’avion. Ils m’ont mis 3 mois de prison pour refus d’embarquer, alors que ce n’est pas moi, c’est le pilote qui a décidé de nous faire descendre de l’avion. Et maintenant je suis encore au CRA. Ils m’ont expliqué que si je refuse le prochain avion, je pars en prison pour faire les 3 mois. La préfète, elle va reprogrammer un autre vol, je vais le refuser et je vais faire les 3 mois de prison, c’est ça.
Même l’ambassade du Gabon ne veut pas faire de laisser-passer mais vu qu’ils ont mon passeport, ils font tout ce qu’ils veulent.
Ma prof est venue me voir, elle a fait des manifestations devant la préfecture, elle a envoyé des dossiers à la préfecture et la préfecture de Foix veut rien entendre. Ils ne prennent pas en compte ma situation familiale. Le tribunal a refusé d’annuler mon OQTF.

Ce qu’ils m’ont fait je peux pas l’oublier :  ils m’ont étranglé, étouffé, ils m’ont mis des trucs dans la bouche et un casque sur la tête ! »

Il est interdit de chanter au réfectoire au risque de se faire tabasser par la PAF

Nous relayons les témoignages de prisonniers du CRA de Toulouse. Une personne a été tabassée par la PAF.  Le secteur E a été isolé suite à un cas de Covid, les parloirs ont été interrompus 15 jours. Un prisonnier testé positif au Covid est resté enfermé 6 jours sans pouvoir sortir du mitard. Les expulsions reprennent peu à peu vers l’Algérie via Paris.

K : « Les policiers m’ont frappé quand je sortais de la salle pour manger, pour rien. J’ai chanté après j’ai tapé le plateau vide contre le mur et pour ça ils m’ont sorti dehors et ils m’ont dit pourquoi tu chantes. Ils m’ont poussé aux épaules, ils m’ont frappé, ils m’ont mis contre le mur, ils m’ont mis des coups de poing. Ils m’ont insulté, « pourquoi t’es là pourquoi t’es pas dans ton pays », ils disent ça tout le temps. Y’avait un policier marocain, il m’a dégagé, il a dit « il est jeune, laissez-le ».

Après ils voulaient pas que je dépose plainte. J’ai dit je dépose plainte.
On est allé voir la Cimade avec les autres copains pour porter plainte. La Cimade a appelé la police et je suis parti avec eux à l’aéroport, c’est d’autres policiers, pas ceux du centre. Je leur ai dit vous pouvez voir sur les caméras ce qu’il s’est passé, ils m’ont montré ce qui les intéressait. Ils m’ont dit c’est interdit de chanter et c’est interdit de s’énerver avec le plateau. J’ai dis ça fait 2 mois que je suis ici, je chante à cause du stress et j’ai touché personne avec le plateau. D’accord c’est interdit mais pourquoi vous me frappez. Ils sont racistes, c’est tout.

Ils m’ont pas emmené à l’hôpital, je suis blessé, le médecin est venu au bout d’une semaine seulement.
ça fait 2 mois que je suis ici, le consulat a donné le laisser-passer mais la Cimade a dit y’a pas d’avion pour le Maroc.  Je suis arrivé ici jeune, j’ai personne au Maroc.
La Cimade elle fait rien pour nous, le docteur il est avec la police, la Cimade elle est avec eux.
Les policiers ils boivent le soir et ils font des trucs entre eux dans les bureaux.
J’habite à Paris j’ai un travail, je suis allé voir une copine à Narbonne, ils m’ont arrêté quand on sortait de chez elle. Les policiers m’ont demandé les papiers, j’ai dit j’en ai pas, ils m’ont emmené à la garde à vue pendant 3 heures. Après la préfecture a dit de m’emmener au centre ici. J’ai pas d’affaires ici , ni téléphone, ni argent. »

H :
 » ça fait 15 jours, ils nous ont fait le test du Covid, y’avait un tunisien âgé qui avait le Covid dans le secteur E mais moi j’ai pas de symptômes. Ils m’ont mis ici au mitard parce que j’ai le Covid. Je suis bloqué dans la chambre sans sortir depuis 6 jours, y’a pas de fenêtre, y’a un grand miroir près du lit, c’est sûrement pour nous surveiller.
Quand j’appelle l’interphone, ils disent « ouais on a autre chose à faire », ils en ont rien à foutre, ils mettent 3 heures à venir. La nuit ils rentrent direct dans la chambre en donnant des coups dans la porte. J’ai demandé le médecin il est pas venu, après plusieurs jours c’est un infirmier qui est venu pour rien.

Je voulais pas aller devant le juge, ils m’ont fait du chantage, si t’y vas pas on te met au mitard, pire que celui-là. Je suis passé devant le juge en visioconférence J’étais choqué, j’ai parlé à l’avocat, je lui ai raconté comment ça se passe ici, il m’a dit oui oui, il en a rien à foutre. Ils m’ont mis à l’isolement le jour où j’ai le vol alors que je veux partir en Algérie.

C’est un truc de fou ici, c’est pire que la prison ici, ils sont derrière nous à fond, pourtant on parle gentiment avec eux, ils en ont rien à foutre, ils frappent dans les portes. Je leur ai dit moi j’ai payé mes dettes, j’ai fait 12 ans de prison, y’a des gens dans le gouvernement avec ce qu’ils ont fait ils sont pas allés en prison. Ici ils te voient algérien, allez tu payes. Quand ils nous ont fait la guerre en Algérie ils ont pas payé, ils sont venus humilier et agresser.

Les chiens ils mangent pas la bouffe qu’ils nous donnent ici, c’est incroyable cet endroit. On mange rien, on a faim, j’ai beaucoup maigri. La nuit, les policiers sentent l’alcool, ils sont bourrés.
Ils rigolent de nous, dans la salle à manger, ils nous regardent, on est comme des marionnettes pour eux. Avec les jeunes qui parlent pas français les policiers ils sont pire, ils disent c’est des blédards. Je tiens, je prie, j’ai pas le choix, je reste patient, je peux pas rentrer dans leurs jeux, ils sont graves.

Pour la plainte du copain, les policiers voulaient s’arranger, ils nous ont dit « calmez-vous, lâchez l’affaire de la plainte, on va ouvrir les parloirs, vous allez rentrer de la nourriture » parce que d’habitude on peut rien rentrer, juste un paquet de gâteau et des petites bouteilles de jus.

Y’a 2 semaines, y’en a deux qui se sont évadés. Les policiers les ont attrapés, ils les ont frappé et emmené en garde à vue, on n’a pas de nouvelles. »

Action contre l’ouverture du nouveau CRA de Lyon

Nous relayons le texte de camarades concernant l’ouverture du nouveau CRA de Lyon :

« Ce lundi 17 janvier 2022 a lieu l’ouverture officielle du nouveau CRA (centre de rétention administrative) de Lyon, à côté de l’aéroport Saint-Exupéry, ainsi que le transfert des prisonnierxs de l’ancien CRA en son sein. Pour ne pas laisser l’Etat organiser sa politique d’enfermement dans le silence, nous avons décidé de visibiliser l’ouverture du nouveau CRA et de perturber le transfert en soutien aux prisonnierxs.

Depuis des mois, l’ouverture d’un nouveau CRA se fait dans le silence médiatique le plus total, alors qu’elle constitue un élément de plus dans la répression à l’égard des personnes considérées comme sans-papiers, et dans la politique migratoire raciste et criminelle de l’Etat français.

En 2019 le Gouvernement Macron annonçait la construction de 3 nouveaux CRA (à Lyon, à Bordeaux et à Olivet près d’Orléans).
Ce sont les premières constructions de CRA depuis près de 10 ans, mais ces dernières années, des centaines de nouvelles places ont été créées, les taux d’occupation des CRA ont continué d’augmenter (agrandissement, extension, rénovation) et de nouveaux projets sont déjà en cours.
L’objectif de l’Etat est clair : augmenter toujours plus les capacités d’enfermement quitte à y mettre des millions d’euros pour criminaliser, torturer et expulser les personnes qui n’ont pas les bons papiers selon l’Etat français. Les CRA, CPR, centres fermés et équivalents sont ainsi l’un des maillons de la chaîne répressive contre les sans-papiers. Ils sont la continuité immédiate des opérations de rafles dans les lieux de transit et les quartiers populaires, l’envers de l’organisation du non-accueil ainsi que le prolongement direct des violences policières contre les exiléxs, que ça soit dans les camps à Calais ou ailleurs.
La machine carcérale vient compléter l’arsenal des politiques de refoulement, toujours plus sophistiquées et criminelles par la militarisation et l’externalisation des frontières.
Le contexte électoral actuel, saturé par les mots d’ordre des extrêmes droites, renforce et légitime encore plus que d’habitude les discours racistes et sécuritaires de l’Etat. Les surenchères islamophobes, le mythe d’un « ennemi de l’intérieur » et la banalisation des théories du remplacement, diffusés à tour de bras sur les plateaux des médias maintstream, offrent un terrain favorable au durcissement des politiques migratoires et encouragent le gouvernement à multiplier les mesures racistes et la persécution des exil.ées.
Les travaux du nouveau CRA de Lyon ont commencé au printemps 2020. Il est situé sur la parcelle de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry, très proche du CRA déjà existant. Sa capacité est de 140 places qui s’ajoutent aux 140 places déjà existantes.
Le système des CRA est un véritable business pour nombre d’entreprises privées et d’associations qui se font du fric avec la construction, la gestion et la maintenance de cette prison. Le nouveau CRA a couté plus de 20 millions d’euros à l’Etat qui vont dans les poches du géant du BTP Eiffage.
Actuellement, en plus des violences quotidiennes inhérentes à l’enfermement subies par les prisonnierxs s’ajoutent la crainte et l’insécurité liées au contexte sanitaire (promiscuité, pas de mesures barrières, pas d’accès aux soin).
En effet, le CRA de Lyon est un véritable cluster depuis le début du mois de décembre.

Depuis quelques semaines, il sert officiellement de « CRA-Covid » et des prisonnierxs de toute la France testéxs positifves y sont transféréxs.

Informons nous, ne laissons pas cette ouverture dans le silence.

A BAS LES CRA !

A BAS LES FRONTIÈRES !

SOUTIEN A TOUSTES LES PRISONNIERXS ! »