Si je meurs devant eux, ils s’en foutent

Les flics répriment violemment les prisonniers au CRA de Toulouse

Les prisonniers et prisonnières du CRA de Toulouse se révoltent régulièrement contre la condition qui leur est faite, mais leurs résistances comme la répression qu’ils subissent sont invisibilisées. Récemment, tous les prisonniers d’un bâtiment ont foutu le bordel pour exiger la prise en charge à l’hôpital de l’un des leurs, sans succès. Quelques jours auparavant, suite à un refus collectif de plateau dans un des secteurs du CRA de Toulouse, des prisonniers ont été désignés comme meneurs par les flics puis placés au mitard et frappés. Les policiers ont ensuite porté plainte contre l’un deux, heureusement sans suite pour cette fois. Mais les violences physiques et psychologiques des flics de la PAF sont quotidiennes, et les placements au mitard ou en taule fréquents.

On était à la cantine, au diner. On a dit aux policiers : « on mange pas, c’est de la mauvaise nourriture. On a faim. Pourquoi on ne peut pas prendre du pain et des yaourts dans les chambres pour manger la nuit quand on a faim ? Y’a qu’ici que c’est comme ça, c’est bizarre. » On a tous crié pour dire qu’on était pas bien et un policier m’a demandé à moi : « pourquoi tu parles toi, à cause de toi, tout le monde crie. » Et alors ils nous ont mis à quatre au mitard. Ils ont tapé deux collègues. Y’en a un qui a eu des traces sur le corps. Ils lui ont mis des coups de poings et des coups de pieds à la tête dans le couloir.

Même si on mange pas, ou si on fait la grève de la faim, ils s’en battent les couilles. Ils savent qu’on a pas de papiers, donc on compte pas. Si je meurs devant eux, ils s’en foutent. Le centre de Toulouse c’est le pire. On a des boutons, on se gratte, on leur a dit. Normalement si quelqu’un a des boutons, tu le laisses pas avec les autres, n’importe qui peut attrapper ça après. J’ai dit au policier qu’ils avaient pas le droit de laisser les gens avec les boutons et qui se grattent. Lui il m’a répondu que non, c’est rien. Ils savent qu’on peut rien faire. Ils savent qu’à la fin c’est eux qui gagnent.

Les copains ils ont pas porté plainte. Moi ils m’ont mis au mitard et ensuite en garde à vue. Les policiers ont porté plainte contre moi, comme quoi j’ai insulté les policiers et comme quoi j’ai dit aux autres on fait ça et ça, genre c’est moi le responsable. L’avocate leur a dit que c’était pas normal de me mettre au mitard et en garde à vue. Et le procureur a dû me laisser repartir, j’ai rien eu.

Les policiers dans leur tête ils vont m’envoyer en prison. Comme un collègue, il a rien fait, il a juste parlé, il a pris 6 mois ! J’étais choqué, il a rien fait ! Le pauvre il s’est embrouillé avec une policière qui travaille là. Lui genre il a pas parlé avec elle au début. Il parlait avec nous et il a dit genre un gros mot. Elle est venue et, comment dire, ici ils provoquent les gens pour que tu parles et tout. Elle l’a insulté, des insultes de fou. Elle a fait un dossier et les autres policiers sont venus avec elle. Elle a pris le visage de notre collègue dans ses mains
avec ses ongles, elle l’a griffé sur son visage. Après ils l’ont emmené au mitard. Ensuite il nous a appelé sur la cabine pour nous dire qu’ils lui avaient mis 6 mois de prison.

Ici tu parles avec les policiers et ça y est, ils veulent t’envoyer en prison. Tu peux rien faire, rien dire, ils disent « ici c’est moi qui décide ». On a pas de droits.