Beaucoup de monde mobilisé ce jour à Toulouse, contre les violences d’Etat, le racisme systémique, les frontières et notamment contre le projet de loi Darmanin anti-immigration
L’organisation a été portée par des collectifs féministes, anticolonialistes, antifascistes, antiracistes, des réseaux de soutien aux personnes sans-papiers, des collectifs en lutte contre les violences et crimes d’État et contre les frontières.
Prise de parole du collectif Toulouse Anti CRA :
Il y a les violences d’État que subissent les personnes étrangères. Elles sont traquées partout : aux frontières, au travail, dans la rue. Elles doivent quotidiennement se confronter à la police et aux politiques racistes mises en place depuis des années contre les immigrées. Ces violences d’État sont héritées des pratiques coloniales et du code de l’indigénat : la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations.
Les personnes sans papiers peuvent être arrêtés et se retrouver en centres de rétention administrative, les CRA. Le CRA de Toulouse Cornebarrieu est situé au bord des pistes de l’aéroport et 126 personnes peuvent y être enfermées. Dans ces prisons pour étrangers et étrangères, les personnes sont enfermées jusqu’à 3 mois en vue d’être expulsées. Mais toutes les personnes ne sont pas expulsables, et l’enfermement poursuit aussi un autre objectif qui est de punir et soumettre une partie de la population, de mater les personnes afin qu’elles s’invisibilisent et qu’elles ne se rebellent pas face aux patrons qui les exploitent.
Il y a près de 50 000 personnes enfermées par an sur l’ensemble du territoire, dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial et lointain où la violence d’État se déchaîne.
À l’intérieur des CRA, les personnes ont faim, elles subissent quotidiennement des provocations, des humiliations, des insultes racistes, des refus de soin, et des violences policières. Des personnes se suicident, les CRA tuent. En septembre 2018, Karim, 31 ans, s’est pendu dans sa chambre au CRA de Toulouse suite à la prolongation de son enfermement par le juge.
Les prisonnières et prisonniers des CRA luttent quotidiennement contre l’enfermement et contre l’expulsion, que ce soit par des évasions, des incendies, des grèves de la faim et des refus de vol. Les personnes qui se rebellent et luttent sont régulièrement envoyés à la maison d’arrêt de Seysses après un passage au commissariat. Les allers-retours entre CRA et prison sont en augmentation. À Toulouse, de nombreuses personnes se retrouvent en circuit fermé entre le CRA et Seysses.
Depuis plusieurs années, l’État renforce la double peine, où il s’agit d’expulser un maximum de personnes qui ont été condamné à de la prison. Les personnes étrangères, plus contrôlées, plus judiciarisées et condamnées à des peines plus sévères représentent 25% des prisonnières et prisonniers. Cette justice de classe et de race qui enferme les pauvres, les personnes racisées et les personnes étrangères s’appuie sur un arsenal juridique de plus en plus répressif et une augmentation des lieux d’enfermement.
L’État est en train de construire de nouveaux CRA partout sur le territoire, en 2027 le nombre de places aura triplé en 10 ans. Il construit aussi partout de nouvelles prisons, avec 15 000 nouvelles places d’ici 2027. Il y a à Toulouse le projet d’une nouvelle maison d’arrêt, à Muret, en plus de celle de Seysses.
Ces violences d’État s’exercent aussi aux frontières. La France et l’Europe sont responsables de milliers de morts chaque année en Méditerranée, dans la manche, au large de Mayotte. C’est l’occasion d’un business juteux pour les multinationales du militaire et du sécuritaire. L’Europe renforce en ce moment ses dispositifs anti-migratoires.
En France, le projet de loi raciste de Darmanin sur l’immigration est discuté au parlement. L’objectif est de durcir la condition des immigré·es, de renforcer l’exploitation des travailleurs et travailleuses avec des titres de séjour précaires. Cette loi permettra de réprimer et de criminaliser davantage celles et ceux qui ne seront plus utiles aux patrons, qui ne se soumettront pas aux « valeurs de la République » ou qui représenteront une « menace à l’ordre public » selon les préfectures. Au final, cette loi permettra d’enfermer davantage en CRA et d’expulser encore plus facilement. Mais Il s’agit de la 30e loi anti-immigration en 40 ans et ce n’est pas seulement contre elle mais contre toute la politique migratoire de l’État qu’il faut lutter.