Mardi 8 décembre, la PAF a violemment réveillé les prisonniers du secteur A, du centre de rétention de Cornebarrieu en banlieue toulousaine. Ils les ont sorti de leur chambre et ont fouillé leurs affaires. Un des retenus raconte : « Ils nous ont fouillés comme des animaux. Ils ont cassé des téléphones et ont tout balancé par terre… On a été privés de sortie [du secteur à l’intérieur du CRA]. On ne peut pas aller chercher des cigarettes ni aller voir la Cimade ».
La police prétexte une tentative d’évasion alors que personne n’a été retrouvé dehors. Ils ont sorti du secteur deux personnes (dont un qui est parti « en short » sans qu’on lui laisse le temps de s’habiller)
« La porte était grande ouverte, personne n’est sorti. L’équipe de nuit a mis une heure ou même une heure et demie à venir voir la porte et à constater qu’il ne manquait personne. Ils ont relevé les empreintes sur la porte : ça n’a pas de sens vu que tout le monde la touche. Ils vont trouver leurs propres empreintes. »
Tout au long de la journée la présence policière a été massive au secteur A et aux abords du CRA. La PAF patrouille même sur les pistes de l’aéroport qu’on voit derrière le grillage depuis le secteur A. «D’habitude c’est pas autant ». «On aurait dit qu’on avait fait un braquage, un attentat».
« On est juste enfermés parce qu’on est en situation irrégulière. T’es la, t’as rien fait. On a pas commis un délit : même si on s’était vraiment évades ce serait trop »
Finalement, les retenus ont obtenu qu’on les laisse sortir du secteur au moins pour aller voir la Cimade (qui leur fait du conseil juridique) en insistant auprès de la police. « Ils ont cédé parce qu’on leur a fait un boucan ».
On a appris que les deux personnes embarquées ont été gardées à vue dans un commissariat voisin, puis déférées, mais on n’en sait pas plus sur leur éventuel procès, transfert…
Tout ceci s’ajoute aux conditions de détention déjà difficiles en temps normal et qui ont empiré dernièrement :
Depuis deux semaines le secteur A n’arrive pas à accéder a l’OFII, ou ils peuvent acheter des cigarettes, des recharges téléphoniques… Ils sortent les avant-derniers en promenade, juste avant les prisonnières du secteur B, et ils leur disent que c’est trop tard pour acheter.
Lundi ils leur ont coupé l’eau a 21h. Le lendemain matin elle a été rétablie mais elle était froide. « C’est comme si c’était une punition ».
« On a rien fait, déjà moi je suis pas d’accord qu’on soit ici, mais en plus on est dans de mauvaises conditions »
Les CRA sont une prison ou l’on déshumanise d’autant plus les prisonniers qu’ils sont étrangers, à bas les frontières et à bas l’enfermement !