Prise de parole lors de la commémoration du 17 octobre 1961

Commémorer le massacre d’État du 17 octobre 1961 doit être l’occasion de nous rappeler que la  France est toujours un état colonial qui continue d’exercer une violence économique, politique et militaire en Afrique et dans les territoires ultra marins. Cette domination de la France sur ses anciennes colonies s’exerce aussi par la fermeture de ses frontières, et la militarisation des frontières de l’Europe.

Ce contrôle représente un marché en plein essor pour l’industrie militaire et sécuritaire, qui construit les murs, les camps et les systèmes de surveillance de plus en plus sophistiqués, qui  enferment et tuent les personnes exilées.
La France avec l’Europe a mis en place des partenariats à coup de milliards d’euros avec des pays de transit pour externaliser ses frontières, organiser et déléguer la barbarie de l’enfermement, des violences et des refoulements en mer et dans le Sahara ; l’Europe s’en lave ainsi les mains !

Le nombre de personnes qui meurent en Méditerranée, dans la Manche, au large des îles Canaries,  dans le Sahara, entre Mayotte et Les Comores ne cessent d’augmenter. La France et les autres états  européens son responsables de ces morts de masse ! Mais il y a des morts qui ne comptent pas. Il y a des vies qui ne valent pas d’autres vies.

En France, le CESEDA, le Code d’entrée et de séjour des étrangers, qui régit le droit des personnes étrangères, est un droit d’exception, raciste et sexiste, hérité du Code de l’indigénat, qui organisait le contrôle des dits « indigènes » en Algérie et dans les autres colonies. Le CESEDA, comme le code de  l’indigénat, met en place la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations des personnes étrangères.

Un an après l’indépendance de l’Algérie, en 1963, alors que les accords d’Évian prévoyaient la liberté de circulation pour les Algériens, la préfecture des Bouches-du-Rhône, en accord avec le ministère de l’Intérieur, crée une prison clandestine à Marseille dans le hangar d’Arenc destinée à parquer et déporter les Algériens. Cette prison clandestine est l’ancêtre des centres de rétention administrative, en effet depuis 1981 l’enfermement des personnes sans papiers a été légalisé.

Aujourd’hui, il y a 28 CRA sur tout le territoire et 11 projets de construction. Près de 45000 personnes par an y sont enfermées dont plus de la moitié à Mayotte, territoire colonial où ont lieu de véritables transferts forcés de population. Tout cela est rendu possible par la déshumanisation des personnes non-blanches, héritée des colonisations et perpétuée depuis. Cette racialisation justifie des traitements violents dans les lieux d’enfermement, mais aussi à Calais ou à la frontière franco-italienne, où les personnes exilées sont traquées comme des animaux. Par ailleurs, elle permet l’exploitation sans limite des travailleurs sanspapiers et la persécution dans l’espace public des personnes racisées.

C’est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin de nous mobiliser et de nous organiser contre ses politiques racistes meurtrières ici en France, en soutien aux personnes sans papiers mais aussi contre le colonialisme et l’impérialisme, car ces luttes sont indissociables !

A bas le colonialisme et l’impérialisme ! A bas les frontières ! Solidarité avec tous les immigrés et les peuples en lutte pour leur indépendance !

La répression coloniale à Mayotte

Table ronde organisée à la Chapelle, Toulouse, le 14 mai 2023

Un podcast à retrouver sur Spectre.

Après le début de l’offensive coloniale appelée opération Wuambushu, à Mayotte, en avril 2023, les intervenant.e.s de cette table ronde détaillent les actions de l’État français contre les étranger.e.s dans le cadre de cette opération et abordent plus généralement la politique coloniale menée par la France dans le département de Mayotte.

Ce podcast propose de revenir sur cette journée d’action en donnant à entendre :
– Une introduction à l’histoire coloniale de Mayotte et des Comores et à l’impérialisme français par un militant de Révolution Permanente ;
– L’altérité entre Mayotte et les Comores par Djamila, une personne mahoraise étudiante à Toulouse ;
– Les politiques migratoires spécifiques à Mayotte, la gestion coloniale des populations par un militant du collectif Toulouse Anti CRA ;
– L’opération Wuambushu et les actions en justice menées par un groupe d’avocates parti à Mayotte en avril par une membre du Gisti ;
– Les violences institutionnelles dans l’accès à la santé à travers la lutte contre le VIH par un membre de l’association Grisélidis.

Prise de parole au rasssemblement du 29 avril contre l’offensive coloniale à Mayotte et le projet de loi anti-immigration

Le gouvernement a annoncé le report de la loi Darmanin à l’automne. Même si ce projet est reporté, il ne sera pas abandonné.

Il a pour objectif de renforcer l’exploitation des travailleurs et travailleuses immigrées en créant des titres de séjour précaires pour des emplois en bas de l’échelle sociale. Le renouvellement de ces titres dépendra des besoins en main d’œuvre du patronat. Ces titres viennent organiser le contrôle des personnes étrangères corvéables puis expulsables.

Pour pallier au délabrement du système de soin sans avoir à répondre aux revendications des personnels soignants, la loi prévoit une carte de séjour pluriannuelle de santé, mais qui maintient les personnes étrangères comme aujourd’hui dans la précarité : sans reconnaissance des diplômes, pour des salaires moindres et à des postes spécifiques qui sont mobiles sur tout le territoire. C’est un pillage de la main d’œuvre qualifiée à l’étranger, formée aux frais des pays d’origine, essentiellement d’Afrique subsaharienne et du Maghreb, qui manquent déjà de médecins.

Le projet de loi a aussi pour objectif de soumettre les personnes. Elle prévoit le refus ou le retrait des titres de séjour sur la simple base du comportement, en invoquant « le respect des principes de la République ». Ce fourre-tout sans contours des principes accroît encore le pouvoir discrétionnaire des préfectures, et ce sont avant tout les musulmans et les musulmanes qui sont à nouveau ciblés, cette loi est un pas de plus dans la mise en œuvre de l’islamophobie d’État. De même, l’obsession assimilationniste s’intensifie en prévoyant d’exiger la maîtrise de la langue française pour les régularisations.

Enfin, le projet de loi a pour objectif de permettre plus d’enfermements et plus d’expulsions. Il s’attaque aux quelques catégories de personnes aujourd’hui protégées de l’expulsion. Pour retirer ou ne pas renouveler un titre, le projet renforce l’usage de la « menace grave pour l’ordre public », notion suffisamment vague pour laisser le champ libre aux préfectures. Il diminue le nombre de recours possibles contre l’expulsion, et renforce la double peine.

Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agira de la 30e loi anti-immigration en 40 ans et ce n’est pas seulement contre elle, mais contre toute la politique migratoire de l’État qu’il faut lutter.

Car aujourd’hui déjà, les personnes étrangères sont traquées partout : aux frontières, au travail, dans la rue. Elles doivent quotidiennement se confronter à la police et aux politiques racistes mises en place depuis des années contre les immigrées. Ces violences d’État sont héritées des pratiques coloniales et du code de l’indigénat : la limitation de circulation, l’enfermement administratif et les déportations.

Les personnes sans papiers peuvent être arrêtés et se retrouver en centres de rétention administrative, les CRA. Dans ces prisons pour étrangers et étrangères, les personnes sont enfermées jusqu’à 3 mois en vue d’être expulsées. Mais toutes les personnes ne sont pas expulsables, et l’enfermement poursuit aussi un autre objectif qui est de punir et soumettre une partie de la population, de mater les personnes afin qu’elles s’invisibilisent et qu’elles ne se rebellent pas face aux patrons qui les exploitent.

Les prisonnières et prisonniers des CRA luttent quotidiennement contre les violences de l’enfermement, les violences policières, les violences médicales et contre l’expulsion, que ce soit par des évasions, des incendies, des grèves de la faim et des refus de vol. Les personnes qui se rebellent et luttent sont régulièrement envoyés à la maison d’arrêt de Seysses. À Toulouse, de nombreuses personnes se retrouvent en circuit fermé entre le CRA et Seysses. Rendons visible leurs luttes et soutenons les prisonniers et prisonnières.

L’État est en train de construire de nouveaux CRA partout sur le territoire, en 2027 le nombre de places aura triplé en 10 ans. Il construit aussi partout de nouvelles prisons, avec 15 000 nouvelles places d’ici 2027. Il y a à Toulouse le projet d’une nouvelle maison d’arrêt, à Muret, en plus de celle de Seysses.

S’il y a plus de 40 000 personnes enfermées par an dans les CRA sur l’ensemble du territoire, plus de la moitié le sont sur la seule île de Mayotte, territoire colonial où la violence d’État se déchaîne.

Car nous sommes ici aussi pour dénoncer l’offensive coloniale Wuambushu, à Mayotte, ou l’État s’est donné pour objectif de détruire en deux mois 10% des cases et d’expulser jusqu’à 300 personnes par jour.

Mais à Mayotte, l’expulsion des personnes étrangères, essentiellement des comoriens et des comoriennes, est toute l’année industrielle. L’État fixe à la préfecture des objectifs d’expulsion de 30 000 personnes par an, c’est à dire 10% de la population de Mayotte. Il s’agit de transferts forcés de population. Mayotte représente les 3/4 des expulsions pour l’ensemble du territoire français et les personnes qui ne sont pas expulsées constituent une main d’œuvre exploitée.

Mayotte est restée illégalement territoire français à l’indépendance des îles des Comores en 1974 pour que la France conserve ses intérêts dans l’océan indien. La France a également déstabilisé les Comores indépendantes avec des coups d’État et des assassinats de présidents menés par le mercenaire de la Françafrique, Bob Denard.

Depuis que la France a instauré le visa Balladur en 1995, plus de 20 000 personnes sont décédées en tentant la traversée, alors qu’auparavant, les familles ont toujours circulé d’île en île. C’est un même peuple, avec les mêmes langues et une même religion, l’islam.

À Mayotte, le régime dérogatoire propre aux colonies permet à l’État d’attribuer moins de droits aux français mahorais. Par exemple les minimas sociaux sont 50% inférieurs, alors que le coût de la vie est plus élevé. 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Mais ce régime dérogatoire s’applique aussi au droit des étrangers : par exemple le droit du sol est réduit à Mayotte, ainsi que certains droits à la régularisation. À cela s’ajoute les pratiques illégales de l’administration sur place, comme l’enfermement quotidien des mineurs isolés ou leur rattachement à des personnes inconnues pour les expulser.

Les luttes contre les politiques anti-migratoires et les luttes contre l’impérialisme et le colonialisme sont indissociables !

De Toulouse à Mayotte, solidarité avec toutes les personnes qui luttent contre le colonialisme et pour leur liberté !

À bas les CRA et les prisons ! À bas l’État raciste et colonialiste !

 

Offensive coloniale à Mayotte

L’opération « Wuambushu » à Mayotte prévue en avril après le ramadan a pour objectif la déportation de milliers de comorien.nes en 2 mois. Près d’un millier de gendarmes mobiles, de policiers et de CRS 8 vont débarquer en renfort pour détruire 10% des cases et vont expulser plus de 250 personnes par jour vers les autres îles de l’archipel des Comores.
Les structures de soins doivent se tenir prêtes à soigner en urgence, les écoles prêtent à voir disparaitre des enfants, et en parallèle, le conseil départemental de Mayotte a voté l’interdiction de l’accès à la Protection maternelle et infantile (PMI) aux personnes étrangères non couvertes par la sécurité sociale.

Domination coloniale et françafrique
Mayotte est restée illégalement territoire français à l’indépendance des îles des Comores en 1974. L’ONU considère comme nul et non avenu le referendum de 1976, condamne la présence de la France à Mayotte et demande son retrait. Au fil des ans, une vingtaine de résolutions de l’ONU ont suivi dans ce sens. En parallèle, l’ingérence de la France après l’indépendance des Comores, avec notamment l’intervention du mercenaire Bob Denard (assassinats de présidents, coups d’État…) va être à l’origine de la déstabilisation et de la paupérisation des Comores qui pousseront les comorien.nes au fil des ans à émigrer (1).

Le visa Balladur responsable de milliers de morts
Seulement 75 km séparent Mayotte de l’île de Ndzouani aux Comores.
Depuis 1995, la France a instauré un visa obligatoire pour les Comorien.nes qui veulent rejoindre Mayotte. C’est la fin de la libre circulation au sein de l’archipel, c’est la création d’une immigration dite « irrégulière ». Avant qu’il soit instauré, les familles étaient éparpillées dans l’archipel et le cabotage d’une île à l’autre était quotidien.
Depuis l’instauration de ce visa plus de 20 000 personnes sont décédées en tentant la traversée. Les personnes se rendent à Mayotte dans des embarcations de fortune, les kwassa. 15 à 20% des étrangers à Mayotte seraient en situation dite irrégulière, situation créée par la fermeture des frontières en 1995. Près de la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers sont nés à Mayotte et 95% des étrangers sont comoriens.

A Mayotte l’expulsion est toujours industrielle
En dehors de l’opération « Wuambushu » , l’État fixe à la préfecture des objectifs d’expulsion de 30 000 personnes par an, c’est à dire près de 10% de la population de Mayotte (280 000 habitants officiellement). Ces expulsions de masse s’apparentent à des transferts forcés de population qui constituent un crime contre l’humanité, selon le code pénal.
Mayotte, représente la moitié des expulsions et enfermements dans les CRA du territoire français. Et celles qui ne sont pas expulsées constituent une main d’œuvre exploitée.

Plus de 2000 enfants ont été enfermés au CRA de Mayotte en 2020 (plus de 3000 en 2019), c’est à dire plus de 15 fois plus que dans l’hexagone, sans compter les enfants enfermés en locaux de rétention administratif (LRA), dont les chiffres ne sont pas communiqués.

Il n’y a qu’une seule préfecture (Mamoudzou) qui traite l’ensemble des demandes de titre de séjour, et des demandes d’asile. Les délais de traitement sont très longs pour les demandes de titre, entre 18 mois et 2 ans.

Omniprésence de la police et des contrôles
A Mayotte, les agents interpellateurs de la police aux frontières (PAF) sont partout, les arrestations sont massives. La pression exercée par la police est telle que des mineurs n’osent plus aller à l’école, des personnes ne vont pas se faire soigner à cause des contrôles à proximité de l’hôpital, etc. Pour faire des vérifications d’identité, les flics s’assoient sur les lois, rentrent dans les maisons sans autorisation, sortent les personnes à moitié nues, etc.

Le CRA de Pamandzi
Il n’y a pas de statistiques détaillées qui proviendraient des associations à l’intérieur des CRA comme c’est le cas ailleurs en France. Pour Mayotte, on ne dispose que des chiffres transmis par la PAF.  L’enfermement au CRA à Mayotte représente à lui seul la moitié de l’enferment dans les CRA en France. Par exemple en 2019, il y a eu près de 27 000 enfermements à Mayotte sur 53 000 au total.
En 2021 : 26485 pour Mayotte uniquement. Cela signifie que 62,5 % des placements en rétention décidés par l’administration française en 2021 l’ont été pour Mayotte par la mise en place de l’opération Shikandra de lutte contre l’immigration clandestine depuis 2019.

Les procédures d’expulsions se font le jour même de l’interpellation L’immense majorité des personnes étrangères est expulsée dans la journée, la durée moyenne de rétention est de 17 heures, ne laissant ni le temps ni la possibilité d’exercer ses droits. D’ailleurs, parmi la petite minorité qui est vue par l’association qui traite les dossiers juridiques dans le CRA, (1600 personnes sur 14000 en 2020, 3500 sur 27000 en 2019) et qui ont donc le temps d’exercer leurs droits, les deux-tiers sont libérés par les juges administratifs et judiciaires, où par la préfecture elle-même.

Régime dérogatoire et pratiques illégales
Il y a 3 niveaux de discriminations pour Mayotte : le droit d’exception qui est régi par le CESEDA (code d’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) comme pour l’ensemble de la France, le régime dérogatoire qui est propre à Mayotte qui diminuent les droits des étranger·es et des Mahorais .e.s (régime dérogatoire article 73 de la constitution) et viennent se rajouter les pratiques illégales de l’administration

Pratiques illégales ordinaires de l’administration
La loi interdit l’enfermement administratif des mineurs non accompagnés et leur expulsion.
– Tous les jours, des mineurs non-accompagnés sont placés au CRA comme majeurs après que l’administration leur attribue une date fictive de naissance et considère les actes de naissance des comoriens comme faux ou falsifiés.
– Toutes les semaines, d’autres mineurs sont rattachés arbitrairement à un tiers lors des interpellations maritimes et terrestres, pour permettre leur rétention et leur expulsion.
– De plus en plus de femmes sortant de la maternité sont enfermées au CRA avec leur nourrisson. En 2020 un nourrisson a été enlevé à sa mère qui venait d’être arrêtée et donné à une passante qui l’a finalement déposé devant le CRA (rapport rétention Cimade).
– Régulièrement des mineurs français en possession d’une preuve de leur nationalité, sont placés en rétention pour les expulser illégalement avec leur parent étranger.
– La préfecture n’applique pas l’effet suspensif des référés liberté, pourtant inscrit dans la loi (qui bloquent normalement l’expulsion jusqu’à décision du juge)
– La préfecture ne respecte pas les injonctions au retour du juge des référés (quand il enjoint l’État à ramener sur le territoire des personnes expulsées illégalement) et préfère payer les amendes qui en découlent, ce qui rend les expulsions expéditives sans aucun recours effectif.
– Le greffe du CRA expulse des personnes malgré les mises en attente de la préfecture ou les décisions du TA. Un retard de 5 ans accumulé par la préfecture dans les dossiers qui met les personnes en situations irrégulières. Il arrive donc fréquemment que des personnes françaises ou ayant un titre de séjour ou des demandeurs d’asile se retrouvent au CRA

Droit dérogatoire
Le CESEDA, code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile est déjà un code d’exception. Le droit des étrangers pour Mayotte est dérogatoire de ce droit général des étrangers : il y a des spécificités pour Mayotte qui diminuent les droits des étrangers et donc des comoriens.
Ce régime dérogatoire est un héritage de la colonisation : la constitution de 1958.
– Il réduit  le droit du sol, le droit à la régularisation, le droit d’asile et le droit à l’obtention du DCEM, Document de Circulation pour Étranger Mineur.
– Il n’y a pas d’Aide Médicale de l’État (AME) à Mayotte ni  d’accès aux soins pour les sans-papiers.
– Concernant les LRA, le CESEDA stipule un certain nombre d’équipements mais pas pour Mayotte. Le CRA ne suffisant pas en capacité à l’enfermement, création de LRA. en 2020 et 2021, les arrêtés de création de LRA sont quotidiens ou quasi quotidiens, et transforment en LRA pour une journée un local, une salle. Les personnes enfermées en LRA sont privées d’accès à leur droit : accès impossible à une association, un conseil voire un téléphone. Beaucoup de parents d’enfants français ont été expulsés illégalement depuis des LRA.

Inégalités des droits
Le régime dérogatoire permet l’inégalité des mahorais français par rapport aux français de métropole. Les droits sociaux des mahorais sont très inférieurs à ceux des habitants de la métropole ou des autres colonies.
– Le SMIC et le RSA sont bien inférieurs (actuellement 7,91€ au lieu de 10,48€ en métropole et autres DOM) (actuellement de 282€ au lieu de 565€ en métropole, inférieur de 50%)
– Il n’y a pas de Complémentaire santé solidarité à Mayotte

Inégalités et pauvreté
Plus de 90% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, sur une île où les prix sont plus élevés : le coût de la vie est élevé car la plupart des produits sont importés. Il y a surtout des inégalités de revenus en fonction de la couleur de la peau :  en moyenne les revenus sont de 200€ mensuels pour les étrangers, 300€ pour les français originaires de Mayotte, 1400€ pour les français non originaires de Mayotte. C’est typiquement une structure sociale inégalitaire issue de l’histoire coloniale. La grande majorité de la population vit dans des logements précaires ou insalubres, il s’agit souvent d’abris de fortune, sans accès à l’eau, à l’énergie et sans assainissement.
Les étranger.es, les comorien.nes essentiellement, sont pointés comme la source de tous les problèmes par l’État français et les élites mahoraises.

La chasse aux étrangers s’organise
Des milliers d’habitations sont détruites chaque année laissant les personnes à la rue. Depuis 2016, des collectifs se sont organisés pour déloger et agresser leurs voisins qui sont des étrangers avec ou sans papiers et qui habitent un terrain qu’ils louent. Ces collectifs ont été escortés par les flics. Depuis l’État a pris le relai de ces meutes xénophobes en démantelant lui-même les quartiers pauvres. Les personnes construisent des bangas sur des terrains et ensuite la préfecture décide que tout un quartier est insalubre et vient le détruire sans respecter évidemment la Loi Elan qui veut qu’on reloge les personnes.

Pourquoi l’État français tient tant à conserver Mayotte ?
Il s’agit d’enjeux économiques et géostratégiques : Mayotte est sur la route du Cap par laquelle est acheminée le pétrole du moyen orient vers les pays occidentaux, le canal du Mozambique. Des découvertes d’importantes réserves de pétrole et de gaz dans le canal du Mozambique, c’est à dire entre le Mozambique et Madagascar, conserver Mayotte permet également à la France d’agrandir sa zone économique exclusive en mer (1)

(1) : L’œuvre négative du colonialisme français à Mayotte : Un îlot de pauvreté dans un océan de misère