Situation au CRA de Toulouse le 4 mai : des expulsions vers la Roumanie, les frontières restent ouvertes pour déporter !

8 personnes sont enfermées au CRA de Cornebarrieu Toulouse. 2 ressortissants roumains ont été expulsés la semaine dernière dont la personne qui avait tenté de se pendre. Un charter est parti de Paris vers la Roumanie le 29 avril avec plus d’une trentaine de prisonniers notamment du Mesnil-Amelot et de Lille. Aussi, le 24 avril, 4 personnes ont été expulsées vers l’Albanie. Les frontières restent ouvertes pour les déportations, l’acharnement contre les étranger.e.s est prioritaire pour l’État français.

A Lille 4 prisonniers ont été tabassés et transférés à Metz suite à leur révolte contre les conditions de vie et pour leur libération. Leurs témoignages sont à lire sur le site  d’À BAS LES CRA :

“On va faire un tour de France gratuit des CRA, tant que ça ne s’améliorera pas ! » : révoltes au CRA de Lille et transferts au CRA de Metz

Appel à une manif de fenêtres antiraciste, anticarcérale et antifrontières

Appel lancé par nos ami·e·s à Lyon et relayé par plusieurs villes !

Contre le racisme, les prisons et les frontières, mobilisons-nous ! Covid ou pas, la répression est toujours là et il est important d’y répondre !

 

Appel à préparer des banderoles et des slogans pour le mardi 5 mai à partir de 20 heures !

Quelques idées :

« ouvrir les frontières, fermer les prisons »
« mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les frontières »
« ni patron, ni macron, ni maton »
« virus ou pas, à bas les CRA »
« Vérité et justice pour Adil, Mohamed, Boris »
« La police assassine, justice pour les victimes »
« Pas de justice, pas de paix »
« A bas le racisme et l’islamophobie »

JPEG - 54 ko

Si vous le souhaitez, vous pouvez les prendre en photos et les envoyer par mail à l’adresse lyonanticra@riseup.net, elles seront publiées sur le site Crame ton CRA.

Virus ou pas, à bas le racisme, à bas les frontières et soutien à toustes les prisonnierEs !

Situation au CRA de Toulouse le 26 avril : 7 nouvelles personnes enfermées en 48 heures et des juges qui valident et prolongent l’enfermement, virus ou pas.

7 nouvelles personnes sorties de prison ont été enfermées ces 3 derniers jours. Au total, 8 personnes, 2 au secteur E et 6 au secteur D.

L’audience en visio du JLD du samedi 26 avril n’a libéré personne, pas même celui qui est au CRA depuis un mois et qui a subi des violences policières. Ils ne peuvent pas le déporter, les frontières du Portugal sont aussi fermées. Pendant l’audience la préfecture est la plus floue possible sur les frontières et les déportations, vu qu’elles ne peuvent pas avoir lieu. Évidemment le juge n’y voit rien à redire et se fout du danger pour la santé des personnes, sachant que les 7 arrivent toutes de la maison d’arrêt de Seysses, où il y a eu un cas de Covid-19 testé positif le 17 avril. On enferme, on applique la double peine, c’est de toute façon déjà le cas hors période de pandémie, les prisonnier·e·s qui arrivent au bout de leur détention ont droit à une autre prison tenue par les flics de la PAF.

Témoignage d’un prisonnier du CRA de Toulouse qui a voulu se suicider à son arrivée au CRA, après avoir passé 3 mois à la prison de Seysses :

« Je sors de la prison pourquoi on me met ici, encore 28 jours ? Ils m’ont donné 6 mois ferme pour conduite sans permis et j’ai fait 3 mois à Seysses, je sais que j’ai fait une connerie, j’ai payé mais pourquoi je suis là maintenant, j’ai une famille, je suis marié, ma mère est ici aussi, on a une maison, on paye le loyer, j’ai un contrat, un CDI, tout, pourquoi on me met ici ?

Les frontières sont fermées et ils nous gardent ici pourquoi ?

On fait quoi ici ? On peut pas manger à notre faim, pas de visites, pas de cigarettes, on peut rien faire, c’est très sale, c’est trop dur pour nous. Moi j’ai des papiers et je suis ici, y’en a qui ont pas de papiers et qui sortent, je comprends pas comment ça marche…Pourquoi je reste pas dehors jusqu’à à la fin du coronavirus avec ma famille ? ça sert à rien que je reste là. J’ai personne en Roumanie, si je pars là-bas et si je reviens, ils vont encore me mettre en prison !

3 mois et demi que je n’ai pas vu ma famille, je voulais mourir aujourd’hui, je voulais me mettre la corde et mourir,  je l’ai dit à ma famille, je leur ai dit excusez-moi pour tout, je vais mourir…

J’ai attaché le drap à la gorge, 4 policiers sont arrivés, ils ont vu à la caméra, ils m’ont vu à la balustrade…Après je me suis calmé.

Un policier d’ici a parlé avec ma mère, elle est venue au centre pour venir me chercher, les gendarmes l’ont arrêté, ils lui ont mis une amende au rond point, elle n’a pas d’argent, elle est venue à pied, pas de bus qui marchent…

J’ai un peu d’argent sur moi mais je peux pas téléphoner, je peux pas acheter de cigarettes, j’ai un téléphone avec caméra mais ils veulent pas qu’on filme, je peux pas le garder. »

 

Une personne malade au CRA de Toulouse : absence de soins et violences policières

16 avril 2020

Il y a au 16 avril encore 5 personnes au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Toulouse, à Cornebarrieu.

Le CRA enferme habituellement plus de 80 personnes, mais les demandes de mise en liberté massives, vu la fermeture des frontières, l’absence de trafic aérien, etc., ont permis un grand nombre de libérations. Pour autant, l’État refuse toujours de fermer les centres de rétention pendant la crise du Covid-19.

Depuis le confinement, les nouvelles personnes enfermées au CRA arrivaient essentiellement de la prison de Seysses. Hier, une personne a été enfermée suite à une arrestation dans la rue à Perpignan suivie d’une GAV.

Elle nous raconte comment s’est déroulée son arrivée au CRA, sans aucunes mesures de protection, sans tests, et comment elle a assistée le soir du 15 avril au malaise d’une autre personne, sans que la police ne vienne voir malgré les appels à l’aide :

Elle nous raconte ensuite l’intervention des policiers de la PAF qui ont frappé la personne et l’ont emmené :

Ce matin du 16 avril cette personne a pu nous raconter comment s’était passé son malaise et les violences qu’elle a subi, elle a décidé d’entamer une grève de la faim :

 

« on peut pas rester normal ici, ça rend fou », témoignage depuis le CRA de Toulouse en plein Covid-19

08 avril 2020

Il y a actuellement 5 personnes au CRA de Toulouse, à Cornebarrieu. Quand une personne sort, une autre arrive de la prison de Seysses.  Pour l’instant les nouveaux arrivants viennent de prison.
Samedi une nouvelle personne a été enfermée au CRA, elle s’est mutilée avec une lame, elle est blessée à la main.
« On devient fou ici, on peut pas rester normal ici, ça rend fou, les gens commencent à parler seuls, pas de visites, pas de cigarettes, le policier a dit qu’on peut recevoir des colis, on a besoin de cigarettes. Je suis enfermé depuis 60 jours, y a personne ici, on peut pas parler avec la Cimade, à la prison on peut cuisiner dans la chambre, ici ils savent qu’on mange pas, c’est pas halal la viande on la jette, y en a un qui sort et un qui rentre tout le temps qu’est-ce qu’on fait là ?
Je suis en France depuis 2013, la France est restée chez nous 132 ans, je peux pas rester, c’est quoi ça ? »

Témoignage au CRA de Toulouse pendant le Covid-19

01 avril 2020

« Je suis stressé, j’arrive pas à dormir, j’ai mal au dos, j’ai peur la police qu’elle ramène quelque chose ici. Le médecin n’est pas là, j’ai très mal au dos, la tête elle éclate, j’ai demandé doliprane pour la tête, y a pas.

C’est compliqué avec la police. C’est bizarre. Il n’y a rien du tout, ni masques, ni gants, ni gel pour laver les mains, rien du tout. Les gens viennent de dehors, c’est pas comme nous ici, c’est pas une bonne idée, c’est pas protégé. On a trois doses de savon, chacun, par semaine. On mange tous les secteurs ensemble, mais chacun a sa table. Mais on est deux par chambre, comme d’habitude. L’OFII il est plus là, la Cimade ça fait 15 jours qu’il est plus là. A midi l’infirmier vient et il donne les médicaments pour dormir, et après il se barre, après tu le vois plus. Demain j’aurai une chance de sortir ou pas ? Normalement ils ont pas de droits de me garder moi ici, parce que les frontières elles sont fermées, y a pas d’aéroports, y a pas d’avions, y a rien du tout. Les juges ils savent rien de ce qu’il se passe ici. Y a pas de tribunal, tout est en visio, même moi j’ai pas pu parler à l’audience. »

Témoignage collectif de la situation au CRA de Toulouse

05 mars 2020

Plusieurs personnes ont voulu témoigner collectivement de ce qu’elles subissent. On a d’abord eu Y qui sera déporté dimanche suite à un visa périmé. Il a besoin de vêtements pour arriver correctement habillé chez lui. « Ils m’ont contrôlé, mon visa est périmé, ils m’ont mis au CRA 8 jours. C’est la première fois qu’on me met des menottes, je comprends pas pourquoi ils les mettent dans le dos. Je suis enfermé pour un visa !« .

Puis B a pris la parole, il est enfermé depuis le 22 février. Il est sorti de Seysses et a été placé au CRA.

  • Il nous fait part d’un problème avec un policier en particulier qui pose problème : il touche les nouveaux arrivants au CRA, il s’agit d’agressions sexuelles selon les explications. « Il provoque pour nous envoyer en prison et on peut rien faire ». « Le policier fait ça devant tout le monde pour que tout le monde voit. » Ils vont essayer de relever son matricule.
  • La nourriture n’est pas halal, ils ne peuvent pas prendre de nourriture dans les chambres alors que le dîner est à 19h30, ils ont faim la nuit. Ils mangent des sandwichs à la mayonnaise. Ils sont nombreux à ne rien manger. Un des retenus a été opéré, il a un certificat médical de son opération, mais il ne mange rien non plus.
  • Il fait froid, il n’y a pas de chauffage, pas de shampoing.
  • Hier matin vers 8h, le visage d’un des camarades a gonflé « comme un ballon de foot », ils ne l’ont pas emmené à l’hôpital, ils ne sont venus qu’à 11h, ils lui ont donné du Dafalgan (paracétamol) et de l’Augmentin, un antibiotique pour ce qui semble être une grosse allergie (?) « Le médecin ne donne que du Doliprane et du Valium, il ne soigne pas, on a peur de mourir ici, on a peur qu’il nous arrive quelque chose. Voilà ce qu’on a à dire, on s’est mis d’accord pour vous dire ça »

Le CRA de Toulouse est pire que la prison : « On n’a rien à faire ici, on tourne en rond »

01 mars 2020

I. est venu en France par l’Italie et vit à Toulouse . C’est sa deuxième fois au Centre de Rétention Administrative, sa première fois date de fin 2018. Il est au CRA depuis plus de 20 jours. Il sort de la maison d’arrêt de Seysses pour une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) qui courait depuis sa sortie précédente du CRA. Comme le non respect de l’IRTF est un délit pénal, ils l’ont condamné pour 6 mois et incarcéré à Seysses. Il est sorti au bout de 4 mois et demi pour se retrouver ensuite au CRA de Cornebarrieu (Toulouse).

Il nous a parlé directement de psychologues : en prison il voulait en voir un mais ce n’était pas possible. Cependant, on lui a fait miroiter là-bas qu’il pourrait en voir un à sa sortie et surtout aller à l’hôpital. A sa sortie de Seysses, il n’est pas allé à l’hôpital mais s’est retrouvé directement au CRA, ce qui l’a surpris, il ne pensait pas que l’on pouvait passer d’une case à l’autre sans arrêt par l’extérieur.

Il est au CRA sans savoir s’il sera expulsé ou non. Il ne reviendra pas en France s’il est expulsé, il en a ras-le-bol. Il cogite beaucoup, il a besoin de somnifères pour dormir. Il parle beaucoup de cette situation de désœuvrement. Il nous a dit sans hésiter que le CRA est pire que la prison :« On n’a rien à faire ici, on tourne en rond. »

En ce qui concerne la nourriture, ce n’est pas halal, parfois il n’ y a pas grand-chose, à part le pain, le fromage et le beurre. Personne ne mange grand chose. Les gens ne mangent pas et les policiers s’en foutent. Ça en décourage certains de faire la grève de la faim.

Pour finir, il nous a parlé d’un flic précis, sans vouloir entrer dans les détails, qui semble sévir avec tout le monde à l’intérieur du secteur où il se trouve. Il voudra peut-être en parler plus tard ou alors après sa sortie.

Les soins au CRA de Toulouse : « c’est pas ici que ça se passe, c’est dehors »

22 février 2020

Z. a 28 ans, il est au CRA depuis le 30 janvier. Il est arrivé en France le 1er janvier 2020 en passant par l’Espagne.

Il avait tenté une première fois de venir en France en 2017, mais leur bateau qui quittait le Maroc pour l’Espagne a été arrêté, il a fait 58 jours au centre de rétention de Murcia en Espagne et a été déporté vers l’Algérie.

Il avait tenté de faire une grève de la faim en arrivant au centre mais a renoncé au bout d’un jour et demi, c’est une flic qui l’a poussé à arrêter. Il n’est pas soigné pour une dent de sagesse qui pousse de travers et qui provoque des douleurs violentes, au point de lui faire faire une chute dans la douche et de se blesser aux côtes. Z. n’a reçu que du doliprane. Il a demandé des soins mais le médecin du CRA lui a répondu « qu’on fait rien pour ça ici, c’est pas ici que ça se passe, c’est dehors. » Il a aussi demandé à voir un psy, on lui a dit qu’il n’y en avait pas.